Abdelhamid Addou rêve de transformer RAM en Turkish Airlines de l'Afrique

Le PDG de la RAM, Abdelhamid Addou Crédit: DR

Lors de son passage au Club de L’Économiste, le PDG de Royal Air Maroc (RAM) a confié en avant-première les grandes lignes de sa nouvelle stratégie. L’un des axes principaux consiste à doubler le nombre d’avions à l’horizon 2020.

C’est l’annonce qui a le plus retenu l’attention. En moins de trois ans, le patron de la compagnie prévoit de doubler la taille de son parc aérien. De 55 appareils aujourd’hui, il espère passer à 120 en 2020. S’il y parvient, l’accélération serait pour le moins vertigineuse: au cours des vingt dernières années, la RAM n’a acquis que dix avions. Quatre 737 Max ont d’ores et déjà été commandés cette année, ainsi que quatre Dreamliner, qui devraient être livrés entre décembre 2018 et mars 2019.

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Le renforcement de la flotte constitue la base de la stratégie d’Abdelhamid Addou pour faire décoller le nombre de passagers et le chiffre d’affaires de la compagnie aérienne nationale. Ses indicateurs ont légèrement augmenté au cours des dernières années, malgré un résultat net négatif en 2017 (-81 millions de dirhams, après quatre exercices bénéficiaires), dû essentiellement à la flambée de 23% de la facture de kérosène.

Le patron du groupe aux 3.220 employés souhaite profiter de ce nouveau départ pour engager un vaste programme de recrutement et de formation, via l’embauche de « centaines de bac+2 bilingues », hôtesses, stewards et chefs de cabine, ainsi que la réouverture de l’école des pilotes de ligne, fermée depuis plusieurs années. Il projette surtout l’ouverture en conséquence de nouvelles lignes, notamment de long-courriers au niveau du continent.

« Avec le développement de la flotte, il y aura un effet taille et échelle qui nous permettra d’être encore plus compétitifs, beaucoup moins chers et efficaces », a déclaré Abdelhamid Addou. Même si 1,3 million de voyageurs ont été transportés vers l’Afrique en 2017, seules les liaisons à destination de Dakar et Abidjan ont été vraiment rentables. Le taux de remplissage général a atteint 71%, en progression de 3% en deux ans.

Pour se donner les moyens de ses ambitions, celui qui est aux manettes de la société depuis deux ans veut faire du hub de Casablanca « une vraie porte d’entrée du continent », aussi bien pour l’Europe que pour les Amériques – à l’image d’Ethiopian (112 avions) et de Turkish Airlines (311) avec l’Asie – avec un doublement de capacité de 7 à 14 millions d’usagers annuels. Concrètement, cela passe par l’exploitation quasi exclusive du futur terminal 1 de l’aéroport Mohammed V – partagé seulement avec Fly Emirates.

« Soit on se développe, soit on disparaît »

« Il est temps d’aller vers le développement », justifie le responsable. « Le dernier contrat-programme (2011-2016, NDLR) était axé sur la restructuration de l’entreprise. Il est temps de passer à une autre phase. (…) Soit nous allons avoir de l’ambition et nous doter des moyens qu’il faut pour développer la compagnie et lui donner une impulsion historique, soit nous allons rester dans un mode conservateur comme cela a été le cas jusqu’ici, et rester sur des progressions de 1 à 2% par an. Soit on se développe, soit on disparaît », conclut-il.

Le plan stratégique doit encore recevoir l’approbation de l’État, actionnaire à 98% de la RAM. Le PDG évoque par ailleurs un élargissement possible de son tour de table. Démentant l’ouverture de négociations formelles avec Qatar Airways, il confirme néanmoins que la compagnie du Golfe a bien manifesté son intérêt.

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