Trois choses à savoir sur les intoxications au monoxyde de carbone

Jeune femme se chauffant devant un chauffage à bois (Archives) / © AFP/

Le monoxyde de carbone (CO) a causé près de 3.000 intoxications en 2017, soit la troisième cause d’empoisonnement au Maroc – derrière la nourriture et les médicaments. Où se produisent-elles? Pourquoi? Que faire pour les éviter? TelQuel.ma répond aux questions que vous pourriez vous poser sur le sujet.

Le nombre d’intoxications au CO est-il en hausse?

Oui, si l’on considère le graphique ci-dessous, communiqué par le Centre antipoison et de pharmacovigilance du Maroc (CAPM).

Cependant, cette tendance ne reflète pas nécessairement une augmentation en valeur absolue de nombre de cas, mais plutôt une hausse des déclarations. « Nous faisons beaucoup de sensibilisation auprès des citoyens et des personnels de santé, afin qu’ils nous rapportent systématiquement les intoxications via notre permanence téléphonique* », explique Sanaa Benlarabi, médecin pharmacologue-toxicologue au sein du CAPM.

Parmi les 2.960 empoisonnements au CO – dont 7 mortels – recensés en 2017, l’écrasante majorité s’est produite à domicile (99%), en milieu urbain (89%). Par ailleurs, ces incidents étaient d’une gravité « modérée » (93%).

Les femmes (69,4%) sont nettement plus touchées que les hommes (30,6%), de même que les adultes (62,3%). Quant à la répartition géographique, les régions les plus affectées sont celles de Meknès-Tafilalt (43,9%), Tanger-Tétouan (14,6%) et Tadla-Azilal (12,9%).

Quelles sont les causes?

« Les intoxications sont généralement dues à un appareil défectueux, qu’il soit de contrebande, ancien ou mal entretenu », répond Sanaa Benlarabi. Pour les éviter, la spécialiste conseille d’acheter des équipements dans le secteur formel, certifiés par le ministère du Commerce et de l’Industrie, et neufs de préférence.

L’emplacement du chauffe-eau, cause de « presque toutes les intoxications signalées par le médecin de garde », est un facteur déterminant. Il vaut mieux éviter les salles de bain, les endroits confinés, sans aération ou sans gaine d’évacuation – le dégagement de CO provenant d’une mauvaise combustion par manque d’oxygène.

Quant aux détecteurs de gaz, ils ne peuvent remplacer ces précautions élémentaires. « Nous n’avons pas de données chiffrées renseignant sur leur utilisation, mais les détecteurs ne sont pas fiables à 100%, car il suffit d’ouvrir une fenêtre ou une porte pour qu’ils ne se déclenchent pas », estime le docteur Benlarabi.

Que faire en cas d’intoxication?

Afin d’éviter les accidents, le CAPM conseille d’aérer les habitations, et ce pendant au minimum quinze minutes par jour. Il recommande également d’éviter d’utiliser le kanoun comme chauffage, ainsi que les bouteilles de camping-gaz comme chauffe-eau, de ne pas dormir près d’un radiateur, ou encore de programmer chaque année des révisions par un technicien qualifié.

Si toutefois une intoxication survient, les symptômes qui permettront de l’identifier seront des maux de tête, vertiges, nausées, vomissements, baisse de la vue, fatigue, contractures musculaires, troubles psychiatriques, hallucinations, colères injustifiées, coma…

Après identification de la source d’émission de la substance toxique – mais incolore, inodore et sans saveur – il faudra d’abord se protéger pour ne pas s’intoxiquer soi-même. Ensuite, essayer de l’éteindre (ne surtout pas allumer de flamme, en raison du haut degré d’inflammabilité), aérer la pièce, évacuer la victime ou les personnes présentes, puis appeler le Centre antipoison. Enfin, consulter le corps médical pour évaluer les séquelles.

*0 801 000 180. Garde médicalisée 7j/7, 24h/24.

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