Pourquoi l'exportation des clémentines de Berkane vers les Etats-Unis n'a pas encore repris

Malgré la levée de la suspension de l'exportation de clémentines de Berkane aux États-Unis, des producteurs n'ont pas encore réussi à envoyer leurs marchandises outre-Atlantique. Explications.

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Crédit: Pixabay

Le jour même de l’annonce de la levée de la suspension de l’exportation des clémentines de Berkane, vendredi 15 décembre, par l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA), les producteurs de la région ont contacté l’institution pour pouvoir envoyer leurs agrumes outre-Atlantique, selon l’un d’entre eux.

Mais l’ONSSA leur a répondu qu’il fallait encore attendre le lundi suivant, le temps de réunir des documents. Mardi et mercredi passent, toujours rien. Incompréhension chez les producteurs, alors que la campagne d’exportation de clémentines touche à sa fin.

Pourtant, le communiqué de l’ONSSA était affirmatif: « Les autorités américaines ont décidé de lever la suspension imposée aux agrumes en provenance de la région de Berkane depuis le 23 décembre 2016 et permettre ainsi la reprise des exportations d’agrumes vers les USA en provenance de cette région« .

« Nous travaillons à la levée de l’interdiction, mais nous sommes encore en train de finaliser les détails. Elle n’a pas encore été levée« , nous explique William Wepsala, spécialiste des affaires publiques et législatives du service d’inspection de la santé animale et végétale (APHIS) du Département de l’Agriculture américain (USDA). « Tant que ce travail n’est pas terminé, l’interdiction de l’importation de ces fruits du Maroc reste en place« , poursuit-il.

Même son de cloche du côté de l’ONSSA qui nous affirme que « l’entrée en vigueur de cette décision aura lieu après l’achèvement de la procédure administrative américaine qui consiste en la publication d’un ordre fédéral de levée de suspension d’exportation des agrumes de Berkane« .

Exigences phytosanitaires remplies par le Maroc

Le 23 décembre 2016, les États-Unis interdisent l’exportation de clémentines de Berkane vers leur territoire, après avoir intercepté des larves de mouche méditerranéenne (cératite) dans deux chargements lors de la campagne d’exportation 2016/2017.

Le pays lutte contre cet insecte qui se nourrit d’arbres fruitiers et principalement d’agrumes. Même s’il « ne présente aucun risque pour le consommateur » selon l’ONSSA, il fait des dégâts dans les plantations.

Le Maroc a travaillé pour respecter les exigences phytosanitaires, grâce à un « plan d’action opérationnel renforcé élaboré en concertation avec les services techniques de l’ONSSA et les professionnels« , ainsi que grâce à des « investissements importants des opérateurs dans les infrastructures du traitement par le froid des fruits d’agrumes au niveau des stations de conditionnement à Berkane« , indique le communiqué du 15 décembre.

Du 16 au 20 octobre dernier, des experts américains du service d’inspection de la santé animale et végétale (APHIS) du Département américain de l’Agriculture (USDA) se sont rendus à Berkane lors d’une mission d’audit pour vérifier le respect de leurs exigences. « Les États-Unis ont communiqué à l’ONSSA les termes et les conditions de reprise des exportations de la région de Berkane, y compris à travers une lettre du 1er décembre à laquelle le Maroc a répondu positivement le 4 décembre« , nous précise une source à l’ambassade américaine de Rabat.

Trois jours plus tard, une réunion se tient à l’ONSSA concernant les échanges commerciaux entre le Maroc et les États-Unis, avec les représentants de l’ambassade américaine à Rabat, dont son attaché agricole. « Il a informé la partie marocaine de la suite favorable prise par les autorités phytosanitaires des USA à la demande de l’ONSSA de la levée de la suspension des
exportations d’agrumes en provenance de Berkane vers le marché américain« , nous indique l’institution de régulation.

Sauver la saison prochaine

Selon l’ONSSA, les opérateurs de la région de Berkane sont « en contact avec leurs homologues américains pour négocier quelques opérations d’exportation dans le respect des exigences phytosanitaires américaines vis-à-vis de la cératite ».

« Nous avançons prudemment. Les fortes pluies des deux dernières semaines peuvent favoriser la mouche qui amène cette bactérie« , nous explique un grand opérateur de la région de l’Oriental qui prépare avec précaution ses marchandises dans l’espoir de les envoyer dans le prochain navire qui prend le large le 25 décembre.

« Mais il sera difficile de tenir les délais. Peut-être que l’on sera dans le bateau suivant, le 5 janvier« , poursuit la même source dont les clients américains s’impatientent. S’ils arrivent à exporter, ce grand groupe pourra envoyer aux États-Unis 20 à 30% du volume prévisionnel. « Si ce ne sont pas des pertes puisque nous envoyons sur d’autres marchés, notamment en Europe et en Russie, nous allons avoir un retard de positionnement de notre groupe« , nous confie l’opérateur.

Les producteurs auraient alors préféré que cette levée d’interdiction arrive au mois de novembre afin d’avoir le temps de préparer les exportations de clémentines de Berkane qui se terminent fin décembre. « Nous n’avons pas encore exporté de clémentines, car la levée vient d’être annoncée et nous sommes en fin de saison, qui se termine début janvier », nous explique Mohamed Ramdani, directeur commercial de Kantari. Pour l’ONSSA, « pour la région de Berkane, l’exportation vers le marché américain sera plus bénéfique à partir de la prochaine campagne« .

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