Sommet UA-UE: la photo de famille avec Ghali est-elle une victoire pour le Polisario ?

Mohammed VI et Brahim Ghali sur une même photo? L’image surprend. Pourtant, elle découle d’une stratégie engagée par le Maroc qui produit déjà des résultats depuis le retour à l’UA: l’abandon de la politique de la chaise vide.

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Mohammed VI en discussion avec E. Macron, sous le regard de Brahim Ghali, pendant la photo de famille du Sommet UA-UE d'Abidjan, le 29 novembre. Crédit : Sommet UA-UE

DNES à Abidjan

La photo de famille des 83 chefs d’États et de délégation présents à Abidjan le 29 novembre pour l’ouverture du 5e sommet Union africaine-Union européenne a suscité quelques émotions au Maroc. En effet, Mohammed VI y pause non loin de Brahim Ghali, chef du Polisario.

Le roi du Maroc à quelques mètres de l’ennemi numéro un de la question nationale, l’image peut surprendre au Maroc. Pourtant, ce n’est pas tout à fait une première. En janvier dernier, à Addis-Abeba, lors du sommet de l’Union africaine qui a acté le retour du Maroc dans l’organisation panafricaine, Mohammed VI avait déjà prononcé un discours devant une assistance dont Brahim Ghali faisait partie.

Pas encore tout à fait membre, le Maroc ne figurait alors pas sur la photo de famille. En revanche, lors du sommet suivant, en juin-juillet, le ministre des Affaires étrangères du Maroc Nasser Bourita posait bel et bien sur la même photo qu’Abdelkader Taleb Omar, à la tête de la délégation du Polisario.

Est-ce parce que Brahim Ghali et Mohammed VI figurent sur la même photo que le Polisario gagne du terrain? Conséquence directe de l’abandon de la politique de la chaise vide, cette photo témoigne du fait que le Maroc est devenu acteur et non plus spectateur dans les instances africaines. Entre la place qu’occupait le Maroc à Addis-Abeba en janvier et aujourd’hui à Abidjan, il n’y a, c’est le cas de le dire, pas photo.

En janvier, à la veille du retour du Maroc à l’UA, TelQuel avait constaté que l’absence du Maroc au sein de l’institution laissait le champ libre au refrain du Polisario, à base de conférence de presse et autres intrigues dans les couloirs de l’UA alors inaccessibles aux Marocains.

En juillet, pour son premier sommet en tant que membre de plein droit, le Maroc gagnait la bataille des mots, en faisant adopter un texte qui adoptait le vocabulaire des Nations unies, et non plus celui hostile au Maroc, adopté de manière quasi automatique depuis des décennies.

Alors avec cette photo, le Maroc a-t-il cette fois perdu la bataille de l’image? Dans les couloirs du Sofitel d’Abidjan, on a plutôt le sentiment du contraire. L’accueil réservé au roi y est sans comparaison possible. Les activités de la délégation marocaine, l’une des plus importantes en nombre, durant le sommet montrent en fait que le Maroc n’avait même pas envisagé de ne pas assister à ce sommet.

Le 29 novembre, Mohammed VI a rencontré pour la première fois Jacob Zuma dans une réunion bilatérale. La dernière du genre remontait à plus de 10 ans. Les deux chefs d’État « ont ainsi convenu de maintenir un contact direct et de se lancer dans un partenariat économique et politique fécond afin de construire des relations fortes, pérennes et stables et dépasser ainsi l’état qui caractérisait les relations bilatérales durant des décennies« .

Au sortir d’un ascenseur, on entend le président sud-africain remercier Nasser Bourita: « It was a very good meeting » (« C’était une très bonne rencontre », NDLR). Mohammed VI a aussi rencontré João Lourenço, président de l’Angola depuis septembre. Ces deux rencontres marquent la poursuite de l’offensive du Maroc pour se rapprocher des soutiens traditionnels du Polisario. Bien avancée en Afrique de l’Est, la voilà qui se poursuit en Afrique australe. Est-ce que ça ne valait pas une petite photo souvenir ?

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