L'office des changes interdit l'utilisation du Bitcoin

L'Office des changes considère que l'utilisation des monnaies virtuelles, dont le Bitcoin, par les Marocains est une infraction.

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Au fil des années, cette monnaie du futur est devenue le moyen privilégié pour les dealers en quête de canaux de distribution transfrontaliers et anonymes. Crédit: DR

L’office des changes sort de sa réserve et réagit à la fièvre du Bitcoin, monnaie virtuelle, qui s’empare des investisseurs et traders marocains. Sa sortie officielle fait notamment suite à l’annonce faite le 14 novembre dernier par une entreprise marocaine de services numériques, MTDS, d’accepter le Bitcoin comme moyen de paiement.

« Il s’agit de l’adoption par notre entreprise de l’un des modes de paiement innovant et à fort potentiel de croissance pour permettre à nos clients, notamment internationaux, de régler nos prestations directement par Bitcoin à côté des autres méthodes de recouvrement traditionnels tels que le virement et les cartes bancaires locales et internationales« , avait expliqué Karl Stanzick, directeur général de MTDS.

Pour l’Office des changes, « les transactions effectuées via les monnaies virtuelles constituent une infraction à la réglementation des changes, passible de sanctions et d’amendes prévues par les textes en vigueur », explique l’administration dans une mise au point publiée le 20 novembre après constatation de « l’utilisation par certaines personnes physiques et morales des monnaies virtuelles dans la réalisation de leurs transactions financières ».

L’Office exhorte « les personnes concernées à se conformer aux dispositions de la réglementation des changes qui stipulent que les transactions financières avec l’étranger doivent être effectuées via les intermédiaires agréés et avec les devises étrangères cotées par Bank Al-Maghrib« .

L’institution précise dans sa note qu’il s’agit d’un « système de paiement occulte et non adossé à un organisme financier« , et souligne que « le recours aux monnaies virtuelles comporte d’importants risques pour leurs utilisateurs« .

Le Bitcoin est la première monnaie cryptographique et virtuelle. Il a été créé en 2009 par des développeurs sur la base d’un algorithme technologique permettant à cette monnaie de fonctionner sans autorité centrale, ni administrateur unique, de manière décentralisée. Son cours sur les marchés internationaux explose depuis le début de l’année. Un Bitcoin vaut actuellement plus de 8.000 dollars.

L’intérêt des Marocains pour le Bitcoin est grandissant. Ce phénomène mondial a attiré des loups de la finance marocaine qui à la recherche de bons coups n’hésitent pas à réaliser des investissements dans le Bitcoin ou d’autres monnaies virtuelles.

Il est difficile de préciser les montants échangés par les Marocains, le nombre d’utilisateurs et encore moins leur identité, en raison du caractère anonyme des transactions. Cependant, nos sources estiment les transactions à quelque 200.000 dollars par jour.

Cet enthousiasme n’est pas vu d’un bon oeil par les autorités financières ni par le système bancaire. Dans une précédente déclaration à Telquel, Bank Al Maghrib mettait en garde contre les risques de cette monnaie nouvelle qui en l’absence d’interdiction formelle est pour l’heure tout à fait légale tant qu’il y a acceptation du principe entre les deux parties de la transaction.

 « Il y a le risque de liquidité lié à leur faible convertibilité dans différentes monnaies ayant cours légal; le risque financier lié à la volatilité de leur cours de change; le risque opérationnel lié notamment à l’absence de sécurité des coffres-forts permettant le stockage des unités de la monnaie virtuelle et de garantie financière en cas de fraude », énumère un responsable de la Banque centrale.

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