Abdelkader Lecheheb, ambassadeur du Maroc en Russie: "Le Maroc a acquis une puissante part d’exportation vers le marché russe"

En marge de la mission d'affaires maroco-russe, Telquel.ma s'est entretenu avec l'ambassadeur du Maroc en Russie, Abdelkader Lecheheb. Le diplomate évoque l'évolution de la relation entre les deux pays, les relations russo-algériennes et la position russe sur le dossier du Sahara.

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Abdelkader Lechebeb © Sputnik

Par Manar Joualy

Le 10 octobre, le Premier ministre russe, Dimitri Medvedev a entamé une visite officielle de deux jours au Maroc qui s’est soldée par la signature de 11 accords entre les deux pays, le 11 octobre au siège du ministère des Affaires étrangères à Rabat. Des accords couvrant des domaines stratégiques de la relation entre les deux pays comme l’agriculture ou encore l’énergie. Comme le veut la norme diplomatique, Abdelkader Lecheheb, ambassadeur du Maroc en Russie depuis près de huit ans, était lui aussi présent. Avec lui, nous avons évoqué le développement des relations entre les deux pays, et la position de la Russie sur le Sahara.

Telquel.ma : Que représentent les échanges entre la Russie et le Maroc en chiffres? Les tensions entre la Russie et la Turquie n’ont-elles pas aidé également à améliorer nos scores?

Abdelkader Lecheheb: Pas exactement, mais il y a eu une ouverture et les Russes nous ont appelés pour demander d’augmenter les exportations de tomates. Nous sommes devenus les premiers fournisseurs de tomates en Russie, grâce aux connexions qui se sont installées.

Le Maroc a acquis une puissante part d’exportation vers le marché russe. La visite de Sa Majesté a donné lieu à 16 accords qui ont boosté les échanges. Les relations agricoles précisément ont évolué, confortant le Maroc dans un certain nombre de secteurs : 35% d’augmentations dans l’échange des tomates, 20% concernant le secteur de la pêche maritime, les fruits et légumes ont également évolué en hausse de 15%.

Durant cette visite, son Excellence Dimitri Medvedev a signé des accords supplémentaires, économiques en majorité, mais comprenant également la communication, la formation professionnelle et l’industrie.

La visite de l’Algérie  a eu lieu avant celle du Maroc. Quel commentaire pouvez-vous nous faire à ce sujet ?

Le Maroc a ses propres logique et lecture des relations internationales. Les relations avec l’Algérie ne modifient en rien les relations avec la Russie. Nous sommes particulièrement déterminés à renforcer notre coopération bilatérale avec la Russie.

Quid de la coopération dans le domaine de l’Industrie nucléaire entre la Russie et l’Algérie?

L’Algérie a en effet signé un accord avec l’Agence fédérale russe de l’énergie atomique (Rosatom). Nous pensons coopérer avec cette même entreprise pour développer le secteur de l’énergie au Maroc. Le nucléaire entre la Russie et l’Algérie est à utilisation pacifique et n’affectera en rien la sécurité nationale.

Comment percevez-vous la vente d’armes russes à l’Algérie ?

Nous connaissons la spécificité russe et nous comprenons la logique de vouloir vendre des armes à l’Algérie. Une commission mixte militaire étudie la possibilité de développer conjointement des échanges dans ce domaine. Sur le point sécuritaire, les services russes et marocains coopèrent et saluent les efforts marocains dans ce domaine.

Pouvez dresser un bilan de vos huit années passées à la tête de l’ambassade du Maroc à Moscou ?

Les relations sont allées en grandissant avec l’impulsion de la visite de Sa Majesté et une volonté commune entre les deux chefs d’État. Il n’y a pas de tabous entre nos deux pays. Nous avons surpassé les différends idéologiques. Nous voulons diversifier nos relations internationales, ce n’est pas un jeu à somme nulle, nous hiérarchisons nos alliés.

Quelle lecture faites-vous de l’implication de la Russie dans le dossier du Sahara ?

La Fédération de Russie comprend les deux parties (le Maroc et l’Algérie) et les enjeux de chacun. Durant la déclaration commune signée lors de la présence de Sa Majesté en mars de l’année dernière, le Maroc et la Russie ont tous deux convenu de l’importance de l’unité territoriale.

Comment la Russie voit-elle le retour du Maroc à l’Union africaine?

Les Russes savent que le Maroc a une influence très importante en Afrique. Ils ont applaudi notre intégration à l’UA et nous serons la porte d’entrée de la Russie en Afrique.  La médiation sera réciproque étant donné que la Russie le sera également pour le Maroc vers le marché de l’Eurasie.

La mission d’affaires maroco-russe était également une occasion d’identifier de nouveaux axes de coopération comme la pharmacie, l’énergie, les nouvelles technologies et les infrastructures. Vous savez, avant avec la Fédération de Russie, on utilisait le langage de la raison. Aujourd’hui, nous y mettons le cœur.

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