Communiquant "illégalement" au nom du PAM, Omar Alaoui menace le directeur de Yabiladi

L’échange acerbe par messageries interposées entre le prestataire en communication politique Omar Alaoui et Mohamed Ezzouak de Yabiladi témoigne -t-il de dissensions au sein du PAM, premier parti d’opposition?

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Omar Alaoui - Crédit : Capture YouTube

« Tu as été minable petit Ezzouak. […] Je t’ai traité avec trop de respect. Je pensais que tu étais un vrai journaliste. Tu es juste un scribouillard à la solde d’intérêts. » Ce message Whatsapp reçu par Mohamed Ezzouak, directeur de publication du portail d’informations Yabiladi, dans la nuit du 23 septembre aurait pu rester sans suite. Tout désagréable qu’il soit, le message ne surprend pas tant de la part d’Omar Alaoui. Jeune consultant politique, il a déjà, à plusieurs reprises et en public sur Twitter, sombré dans l’insulte amère pour s’en prendre à des journalistes. « J’ai répondu sans prêter grande attention et surtout sans penser que ça deviendrait public, parce qu’il était déjà arrivé qu’Omar Alaoui m’écharpe sur Twitter. Et puis je me suis rappelé que cette fois-ci il m’avait d’abord contacté en indiquant que c’était ‘sur instructions de Monsieur le secrétaire général par intérim du PAM’, en mettant Habib Belkouch en copie de mail, » nous explique Mohamed Ezzouak, preuves à l’appui.

La démarche est plausible. Omar Alaoui a en effet déjà collaboré, comme communiquant, avec Mustapha Bakkoury lorsque celui-ci était à la tête du PAM, ainsi que l’entourage de Salaheddine Mezouar lorsque celui-ci dirigeait le RNI. Dans son premier mail, daté du 23 septembre, Omar Alaoui fait suite à un article de Yabiladi publié le 18 septembre. « Une source proche a expliqué à notre journaliste politique qu’à une réunion du 16 septembre il y avait beaucoup d’absents de premier rang, que ça témoignait d’un bazar en interne et qu’El Omari avait toujours la main, » résume le directeur de publication à propos de l’article intitulé « PAM : L’option d’un retour en force d’El Omari encore possible« .

« Sur instructions » du SG par intérim, Omar Alaoui indique qu’il « souhaite réagir » à l’article qui comporte des « informations erronées« . Il indique qu’un certain nombre de cadres cités comme absents étaient en fait bien présents et que d’autres étaient excusés pour des raisons qu’il détaille. Il s’avèrera en fait qu’Omar Alaoui faisait référence à une autre réunion, du 21 septembre, postérieure à la publication de l’article de Yabiladi, d’après le directeur de publication. Toujours est-il que Ezzouak demande à ce qu’un droit de réponse soit formulé en bonne forme afin de publier un correctif, avec à minima, un document à en tête du PAM. La suite prouve que bien lui en a pris, au delà des échanges de noms d’oiseaux qui s’en suivent, assortis pour Omar Alaoui de propos menaçants – « regarde toujours derrière toi, à gauche et à droite« .

« M. Alaoui n’a aucune qualité pour parler en mon nom personnel ni celui du PAM […]. Quant aux échanges que vous avez eus avec M. Alaoui, elles ne concernent et n’engagent que vous deux, » répond Habib Belkouch le 25 septembre sollicité par Yabiladi. D’autres cadres du parti prennent plus significativement leur distance : « Il m’arrivait de faire appel à Omar Alaoui pour gérer les relations publiques, mais je ne peux pas continuer à travailler avec un prestataire qui insulte et agresse« , déclare Ali Belhaj à notre confrère. Le porte-parole officiel du parti du tracteur, Khalid Adnoune, promet également à Yabiladi une réaction officielle du parti.

Dans un communiqué publié effectivement le 26 septembre, le PAM affirme que « le secrétaire général par intérim n’a ni délégué ni demandé à une personne de parler en son nom sur les réseaux sociaux et avec les médias. » « Le parti a ses propres institutions, il communique avec les citoyens et avec les médias à travers des communiqués officiels et à travers son porte-parole officiel, » poursuit le document. « Le Parti Authenticité et Modernité affirme qu’il compte prendre toutes les mesures juridiques contre tout individu, quel qu’il soit, qui usurpe l’étiquette partisane et communique illégalement avec les médias et les journalistes, » prend carrément ses distances le parti.

Reste qu’Habib Belkouch, en copie de mail, ne pouvait ignorer qu’Omar Alaoui s’exprimait en son nom. Ni Habib Belkouch ni Khalid Adnoune n’ont pu être joints par TelQuel. Omar Alaoui a préféré ne pas nous répondre dans l’immédiat sur les circonstances de son échange avec Mohamed Ezzouak, assurant le faire plus tard. Sur Twitter, il a reconnu « une réaction disproportionnée » de sa part, qu’il explique par « un comportement hautain et méprisant » de son interlocuteur. « Dans une histoire, il y a toujours deux versions… !, » écrit-il également. La sienne, celle d’Ezzouak, mais s’ajoute aussi celle d’un PAM en ordre dispersé.

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