L'Azerbaïdjan qualifié de "dictature": France 2 jugée mardi pour diffamation

L'Azerbaïdjan poursuit mardi devant la justice française la chaîne publique France 2 et la journaliste Elise Lucet, qui avait qualifié son système politique de "dictature".

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Dans un reportage de l’émission Cash Investigation, diffusée en septembre 2015, la journaliste introduisait un reportage largement consacré à l’Azerbaïdjan en qualifiant ce pays du Caucase de « dictature, l’une des plus féroces au monde ».

Au cours du reportage sur les coulisses des voyages présidentiels, intitulé « Mon président est en voyage d’affaires », le journaliste Laurent Richard taxait également le président Ilham Aliyev de « dictateur » et de « despote » gouvernant « à la façon d’un Corleone » (parrain de la mafia).

L’État du Caucase, régulièrement dénoncé par des ONG pour son non-respect des droits de l’Homme, avait porté plainte contre la chaîne et la présentatrice, entraînant la mise en examen (quasi automatique) de la présidente de France Télévisions Delphine Ernotte-Cunci pour « diffamation envers particulier » et d’Élise Lucet pour « complicité ».

Cash Investigation est « à la recherche du sensationnel », tance Me Olivier Pardo, qui défend l’Azerbaïdjan. « Ce n’est pas de l’information, mais de la dénonciation », estime l’avocat interrogé par l’AFP.

Pour lui, cette « présentation sans nuance » de l’Azerbaïdjan » n’est « absolument pas fidèle à la situation actuelle de cette jeune République », issue de l’éclatement du bloc communiste en 1991, qui « progresse néanmoins sur le plan des droits de l’Homme et de la démocratisation ». Et de rappeler, entre autres, que ce pays a aboli la peine de mort, compte « près de 500 journaux » et a adopté le multipartisme.

En réparation du préjudice, l’Azerbaïdjan demande un euro symbolique. Les prévenues encourent une amende de 12.000 euros.

Jean Castelain, avocat de la défense, a indiqué à l’AFP qu’il allait « soulever l’irrecevabilité de constitution de partie civile » de l’Azerbaïdjan, un État ne pouvant « pas être considéré comme un particulier » et donc agir en diffamation. Ce que réfute la partie adverse.

La justice française a confirmé en appel en mai un non-lieu en faveur d’un député français poursuivi par l’Azerbaïdjan pour l’avoir qualifié d' »État terroriste » sur un site internet, au motif qu’un État étranger ne pouvait attaquer en diffamation. Bakou s’est pourvu en cassation.

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