Les cinq choses à savoir sur les banques participatives au Maroc

Depuis quelques semaines, les banques participatives sont enfin opérationnelles au Maroc. Les premiers établissements peuvent accueillir les clients et ouvrir des comptes. Toutefois, l’écosystème n’est pas encore complet, ce qui limite l’activité de ces nouveaux établissements bancaires. Tour d’horizon.

Par

Yassine Toumi/TELQUEL

Trois banques déjà opérationnelles

En janvier dernier, Bank Al Maghrib a enfin accordé les agréments aux établissements participatifs. Sur plus de dix opérateurs ayant déposé leur dossier, cinq banques participatives ont obtenu le feu vert de la banque centrale qui a aussi délivré trois autorisations à des banques classiques pour commercialiser des produits participatifs.

À ce jour, seules trois banques ont déjà ouvert leurs portes aux clients. Il s’agit d’ Umnia Bank (filiale de CIH Bank et Qatar International Islamic Bank), de Bank Assafa (filiale de Attijariwafa Bank), et Bank Al Yousr (filiale du groupe BCP et du Saoudien Guidance). Les filiales participatives de BMCE Bank of Africa et du Crédit Agricole n’ont toujours pas annoncé leur ouverture.

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Du côté des autorisations accordées aux banques conventionnelles, seul Crédit du Maroc a annoncé le lancement de sa marque Arreda, dédiée à la finance participative. Société Générale et BMCI n’ont pas encore fait d’annonce dans ce sens.

Ce que proposent ces banques

Selon le cadre législatif dédié à la finance participative, les établissements financiers peuvent commercialiser quatre principaux produits : Mourabaha, Ijara, Moucharaka, Moudaraba. Les modalités de leur commercialisation et les conditions pour les dépôts des clients ont été fixées par des circulaires publiées au Bulletin officiel en mars 2017.

Ainsi, les clients désireux de se tourner vers ces nouveaux établissements bancaires peuvent financer leurs projets en optant pour Mourabaha, le plus connu et le plus ancien des cinq produits alternatifs autorisés. C’est un contrat de vente par lequel la banque participative vend un bien meuble ou immobilier de sa propriété à un client moyennant une commission.

Ijara désigne un contrat par lequel la banque participative met en location un bien en sa possession pour le compte d’un client en contrepartie d’un loyer fixe ou variable. Le produit Moucharaka permet à la banque de participer au capital d’une société pour financer un projet nouveau ou existant. Pour Moudaraba, c’est carrément une somme d’argent qui est mise à la disposition d’un client pour la réalisation d’un projet.

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Un écosystème incomplet

Même si les banques participatives ont effectivement démarré leur activité après des années d’attente, il n’en reste pas moins que ces établissements ne tournent pas à plein régime. Tout ce qu’elles peuvent faire actuellement, c’est ouvrir des comptes et opérer des opérations classiques de dépôts et de retraits, en plus des opérations de communication pour attirer la clientèle.

Les produits plus complexes ne sont pas encore disponibles. Et pour cause, l’écosystème de la finance participative n’est pas encore complet. L’assurance Takaful et les Sukuk, mécanismes nécessaires au marché monétaire participatif sans lesquels les contrats de financement participatifs ne peuvent être opérationnels, ne sont pas encore mis en place.

Une concurrence acharnée

Il faut dire que le démarrage des banques participatives ne s’est pas fait sans remous. Celles qui étaient dans les starting-blocks se sont disputé le titre de « première banque participative ». Umnia Bank et Bank Assafa sont à couteaux tirés depuis que la filiale de CIH a lancé sa communication autour de l’ouverture de ses agences en se targuant d’être la première banque participative marocaine, alors que les conventions de comptes n’étaient pas encore opérationnelles.

Bank Assafa a réagi par une conférence de presse où elle a insisté sur son histoire et sa présence sur ce marché depuis 2010. « Nous avons contribué à l’émergence de la finance participative en faisant la promotion de cette finance et en éduquant le marché et vulgarisant ses concepts« , insistait Youssef Baghdadi, patron de Bank Assafa. La position de leader est aujourd’hui disputée par ces deux entités qui se sont lancées avec un réseau d’une dizaine d’agences dédiées.

Le rôle du conseil des Oulémas

La finance participative a cette particularité qu’elle doit être conforme à la loi islamique. De ce fait, le Conseil supérieur des Oulémas (CSO) a été associé à ce projet depuis le début, étant la seule autorité compétente pour statuer sur la validité religieuse de l’activité des banques participatives et leurs services.

Il a donné son avis sur le système financier qui sera mis en en place, les produits, les conventions de comptes… pour que tout soit « Charia compliant ». D’ailleurs durant le mois de juillet, les premières banques étaient prêtes, mais ne pouvaient pas être opérationnelles, car le Conseil des Oulémas n’avait pas fini d’examiner et de valider les conventions de compte.

Toutes les banques participatives sont donc soumises au regard du CSO qui statue sur la conformité de leur activité à la religion. Pour ce qui est des aspects financiers, c’est bien évidemment Bank Al Maghrib qui reste maître à bord, comme c’est le cas pour le secteur bancaire classique.

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