Des touristes plus nombreux, mais des recettes en baisse au premier semestre

Plus de touristes, plus de nuitées, mais moins de recettes en devises. C’est en substance le bilan du tourisme au premier semestre de 2017.

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Crédit : Yassine Toumi/TELQUEL

A première vue, les résultats touristiques au premier semestre ont de quoi réjouir les professionnels. Les arrivées ont bondi de 9%, les nuitées sont en hausse de 18%, le tout avec un taux d’occupation de 40%, en augmentation de quatre points par rapport à la même période de l’année dernière.

Cependant, selon les chiffres (provisoires) de l’Office des changes, les recettes ont régressé de 0,5%. Pourquoi donc une forte hausse des arrivées s’accompagne-t-elle d’une baisse des recettes? « Les mauvais chiffres publiés par l’Office des changes s’expliquent par deux facteurs. D’une part, le développement croissant des formules All-inclusive peu lucratives dans des locomotives touristiques comme Marrakech et Agadir. D’autre part, il y a un secteur informel (riads, maisons d’hôtes …) non contrôlé qui ne déclare pas tous ses revenus« , explique le site Médias 24, interrogeant une source au ministère du Tourisme. Sauf que cela n’explique pas tout.

Un tourisme qui ne fait pas recette?

4,6 millions, c’est le nombre de touristes qui ont foulé le sol du royaume de janvier à juin 2017, dont près de 2 millions de MRE. Ces arrivées représentent une hausse de 9 % par rapport à la même période de l’année dernière. Ce qui n’est pas sans effet sur les nuitées dans les établissements classés, qui ont enregistré une hausse de 18 %.

Ces résultats s’expliquent par la hausse observée sur les marchés émetteurs traditionnels, à savoir la France, l’Allemagne, l’Espagne et le Royaume-Uni, mais aussi par l’émergence de nouveaux marchés, comme la Chine (+565%) ou encore le Japon (+46%). « Les deux pôles touristiques Marrakech et Agadir ont généré à eux seuls 60% des nuitées totales durant les six premiers mois de 2017. Ces deux villes ont enregistré une augmentation de +19% et +18% respectivement« , précise le tableau de bord de l’Observatoire du tourisme.

Plus de touristes, plus de nuitées, mais moins de recettes, qui se sont établies à 26,38 milliards de dirhams en 2016, soit une baisse de – 0,5%. Une tendance qui contraste avec le bilan touristique de 2016, qui fait état d’une hausse des recettes (63 milliards contre 61 en 2015), malgré une stagnation des arrivées.

« Nous avons une corrélation entre les infrastructures touristiques offertes aux touristes et la demande. Quand on regarde tous les hôtels qui s’ouvrent à Marrakech, à Tanger, à Rabat ou à Casablanca, ce sont des établissements de la gamme 4 et 5 étoiles, une hôtellerie de classe qui génère plus d’argent« , analysait, en février dans les colonnes de TelQuel, Saïd Mouhid, président de l’Observatoire du tourisme.

« Nous avons, dans les arrivées, moins d’Européens de type package avec des tour-opérateurs, à 4.000 dirhams pour une semaine, par exemple« , expliquait notre source, insistant sur le fait que le nombre de touristes est moins important que leurs dépenses.

« Tous les investissements qui sont faits s’orientent vers cela : générer plus de recettes. C’est la stratégie la plus intelligente« , concluait Said Mouhid. Des déclarations qui contredisent donc les explications du ministère du Tourisme. D’autant que les nuitées dont il est question ne concernent que les établissements classés.

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