BAM: la rentabilité du secteur bancaire a augmenté... tout comme le risque

Bank Al Maghrib vient de livrer son rapport annuel sur la supervision bancaire pour l’exercice 2016. Il en ressort une amélioration de la rentabilité du secteur bancaire et une aggravation des créances en souffrances.

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Abdellatif Jouahri Crédit: R. Tniouni

Le secteur bancaire présente des bases financières saines, mais les facteurs de risque persistent. C’est le principal enseignement du rapport annuel sur la supervision bancaire de Bank Al Maghrib, publié le 20 juillet.

Le rapport dresse un tableau complet des 19 banques que compte le royaume. Fin 2016, le secteur bancaire cumule un total actif de 1.100 milliards de dirhams qui équivaut à 120% du PIB du Maroc. Ce total est contrôlé à 81% par les banques.

Reprise des crédits

Pour ce qui est de l’évolution de l’activité, la banque centrale explique que les crédits bancaires ont repris après la baisse enregistrée en 2015. « Le crédit bancaire a connu une légère reprise à 4%, tiré par les concours aux ménages (+4,1%) et par la reprise des financements bancaires aux entreprises non financières (+3,4%)« , est-il noté dans le rapport.

La même source précise que « dans un environnement concurrentiel exacerbé, la marge d’intérêt des banques s’est réduite, impactant la rentabilité des banques. Cette situation a été partiellement atténuée par les revenus dégagés par les opérations de marché et les commissions sur prestations de services« .

graphe 1 supervision bancaire

graphe 2 supervision bancaire

Mais malgré ce contexte, la rentabilité des neuf principaux groupes bancaires n’a pas été fortement impactée. Ces derniers ont été sauvés par les opérations hors Maroc. « Le résultat net consolidé a enregistré une hausse de 6% à la faveur des bonnes performances des activités opérées à l’étranger et des activités non bancaires », explique la banque centrale.

Augmentation de créances en souffrance

Ce qui inquiète le plus les autorités de contrôle, c’est l’explosion des créances en souffrances. Ce qui fait dire au gouverneur de la banque centrale, Abdellatif Jouahri, que « si le secteur bancaire présente des bases financières saines, des facteurs de risques persistent et appellent à une plus grande vigilance et au renforcement du cadre prudentiel ».

Le rapport que vient de publier  la banque centrale soutient que le volume des créances en souffrance a évolué, certes, à un rythme moindre que celui observé au cours des trois dernières années, mais il n’en reste pas moins que le taux de risque est passé de 7,4% à 7,6% entre 2015 et 2016.

graphe 7 supervision bancaire

Pour contenir l’augmentation des créances en souffrance, les banques ont accentué les opérations de provision qui ont enregistré une hausse de 9,1%, contre 15% une année auparavant. « Il s’ensuit une amélioration du taux de couverture des créances en souffrance par les provisions d’un point à 69% », explique BAM.

D’ailleurs cela s’est fait à la demande de la banque centrale comme le rappelle Abdellatif Jouahri: « la Banque (centrale) est restée attentive aux effets de la conjoncture sur la qualité des portefeuilles de prêts des établissements de crédit qu’elle a appelés à constituer des provisions spécifiques et générales suffisantes« .

Le wali de BAM ajoute que « la banque centrale a engagé une réforme des règles de classification des créances qui vise à renforcer la résilience des établissements au risque de crédit ». La réforme à laquelle  le wali de Bank Al Maghrib fait allusion concerne la mise en place de critères uniformes pour identifier les créances sensibles devant faire l’objet d’une surveillance rapprochée par les établissements et d’un approvisionnement proactif.

Sur ce même sujet, la banque centrale avait sensibilisé le secteur bancaire sur le risque de concentration des crédits. Bank Al Maghrib avait édicté de nouvelles normes en appelant les banques à convenir d’une charte de « consortialisation » des crédits à compter d’un seuil prédéterminé qui n’a pas été précisé.

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