Comment Mohamed Sajid espère sauver la saison estivale à Al Hoceima

À Al Hoceima, Mohamed Sajid a annoncé une série de mesures pour sauver la saison estivale. Subventions de lignes aériennes, allègement de taxes aéroportuaires, campagne de promotion… Les responsables du tourisme tentent  de réanimer la principale activité économique de la ville.

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Mohamed Sajid © Yassine Toumi/TELQUEL

Agitée depuis plusieurs mois par les manifestations, étouffée par une forte présence policière, Al Hoceima voit son activité touristique – le poumon économique de la ville – s’asphyxier. « Sur 169 chambres, seules 40 à peu près sont occupées« , déplore un employé de Quemado, un hôtel qui surplombe la plage éponyme.

L’établissement géré par le groupe Accor attend désespérément des touristes qui ne viendront probablement pas cette année. « Beaucoup de réservations ont été annulées à cause de la situation dans la ville « , nous confie une source proche du département du tourisme. À fin mai, le taux d’occupation dans les établissements classés n’a pas dépassé 11 % contre une moyenne nationale de 43 %.

Yes we can ?

La saison estivale peut-elle être sauvée? Mohamed Sajid est optimiste. Se rendant le 3 juillet à Al Hoceima, aux côtés de la secrétaire d’État au Tourisme, Lamia Boutaleb et du directeur général de l’ONMT Abderrafie Zouiten, le ministre du Tourisme a annoncé que « des mesures urgentes [seraient] prises pour sauver l’actuelle saison estivale« .

Parallèlement, pendant la visite du ministre du Tourisme, le nouveau gouverneur d’Al Hoceima Fouad Chourak a annoncé un retrait « progressif » des forces de l’ordre de la place Mohammed VI et d’Imzouren, deux foyers de protestation. « Le ministère et les opérateurs sont tous mobilisés pour y parvenir », nous déclare Mohamed Sajid.

L’une des mesures urgentes annoncées concerne le lancement de nouvelles lignes aériennes reliant la ville à Casablanca et à Tanger. Le ministère du Tourisme, l’ONMT et la région mettront la main à la poche pour la mise en place, par Royal Air Maroc, de deux nouvelles fréquences directes entre Al Hoceima et Casablanca (moyennant 400 dirhams) et de deux vols Al Hoceima-Tanger (300 dirhams), dès le 10 juillet.

« Une subvention 17,5 millions de dirhams sera consacrée à ces lignes« , révèle le secrétariat d’État au Tourisme à Telquel.ma. Du côté de la RAM, les responsables se disent prêts à voler au secours de la ville balnéaire. « C’est un plan global pour le développement du tourisme dans la région. Le ministre du Tourisme m’a appelé pour fournir les efforts maximum pour accompagner l’activité touristique dans la région, ce que nous avons fait. La RAM va y contribuer comme il se doit en mettant les vols qu’il faut et les tarifs les plus agressifs possible« , nous explique le patron de la compagnie aérienne, Hamid Addou.

« Nous sommes là pour accompagner le développement du tourisme, évidemment nous n’allons pas le faire dans un cadre qui mettrait les finances de la RAM en danger. La Vision de la Royal Air Maroc qui sera exposée fait la part belle au tourisme », explique l’ancien patron de l’ONMT.

Tous pour Al Hoceima

Autre point: l’allègement des taxes aériennes, mesure qui s’étalera de l’été à l’hiver prochain. « Ce qui représente quelque 2 millions de dirhams », précise la même source. « Cela incitera les compagnies aériennes à desservir la ville« , espère Mohamed Sajid.

Aujourd’hui, Al Hoceima, dont 99 % des touristes sont des MRE, est desservie par une liaison aérienne hebdomadaire depuis Bruxelles et deux liaisons en partance des Pays-Bas (en plus de la ligne aérienne reliant Casablanca à Al Hoceima à raison de trois vols par semaine via Tétouan).

« Une campagne de promotion sera lancée incessamment pour inciter les Marocains à passer leurs vacances dans la région. Des packages à des prix compétitifs seront proposés aux touristes », nous confie une source à l’ONMT. Après s’être rendu à Al Hoceima, Abderrafie Zouiten, le patron de l’Office a pris son bâton de pèlerin pour fédérer les voyagistes autour de cette « campagne de sauvetage« .

Pour convaincre les hôteliers, en plein marasme, les responsables du ministère du Tourisme n’écartent pas un soutien financier, à l’image de la subvention destinée à booster le transport aérien. « C’est à l’étude. Aucun montant n’a été arrêté », explique une source au département de Lamia Boutaleb. « Mohamed Sajid et Lamia Boutaleb déploieront d’autres initiatives, telles que des actions de lobbying, de sensibilisation et de mobilisation en direction de l’opinion publique marocaine et des établissements et institutions, notamment publiques, pour l’encouragement à la planification des vacances de leurs adhérents au niveau des Centres des œuvres sociales à Al Hoceima« , indique un communiqué du ministère du Tourisme.

Et les défis ?

Al Hoceima ne compte que 1.000 lits en quatre étoiles, sur plus de 2.000 lits dans tous les établissements classés de cette ville. Soit 0,8 % de la capacité litière au niveau national, une part dérisoire pour une ville décrite sur le site de l’ONMT comme « l’une des plus grandes stations balnéaires d’Afrique du Nord ».

Le nombre de chambres en quatre étoiles, qui a enregistré le taux d’occupation le plus élevé en 2016 (16 %), n’a pas bougé d’un iota depuis 2013, bien que des projets, restés sans lendemain, avaient été annoncés en grande pompe. C’est le cas, par exemple, de cet établissement hôtelier annoncé par la CDG il y a plusieurs années et dont l’ouverture n’est prévue qu’en 2020 – le groupe Kenzi et la CDG viennent de signer le contrat de gestion.

« 2.500 autres lits sont en construction », nous explique Mohamed Sajid. « L’infrastructure hôtelière à Al Hoceima sera renforcée durant les trois prochaines années avec des projets de villages touristiques et des résidences touristiques ou hôtelières d’une capacité litière supplémentaire de 1.462 lits, et un investissement global de 320 millions de dirhams« , détaille une source au sein du secrétariat d’État au Tourisme. « Les trois établissements sont en cours de construction ou d’achèvement« , précise la même source. L’ancien site du Club Méditerranée, abandonné en 2002, sera d’ailleurs repris pour accueillir de nouvelles unités hôtelières, confie notre interlocuteur.

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