Le conseiller royal Abbès Jirari sur le Hirak: « l’intervention de Sa Majesté ne constitue pas la solution»

Le discret conseiller royal Abbès Jirari sort de son silence. Dans une interview accordée au quotidien Assabah, l’ancien professeur au collège royal est revenu sur son ancien combat en faveur de la littérature marocaine et du patrimoine populaire, la question amazighe mais surtout sur le sujet brûlant du Hirak.

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« Il est certain qu’il y a des raisons objectives et valables qui expliquent ce mouvement », lance-t-il d’emblée, en référence eu Hirak. « Vu son histoire dans la lutte depuis Abdelkrim al-Khattabi, il s’est constitué une fierté dans la région du fait qu’elle joue un rôle dans la lutte pour la patrie », explique Abbès Jirari à Assabah. Le conseiller royal estime que la population rifaine «  a souffert d’une sorte de négligence qui s’est accentuée au fil du temps de telle sorte qu’on arrive à la situation actuelle ». Au passage, le Jirari souligne « l’intervention des ennemis du Maroc pour instrumentaliser le mouvement et orienter la contestation vers un ensemble d’idées destructrices qui conduisent le pays vers le désastre. »

A propos du développement d’Al-Hoceima, Jirari dit que « le développement a touché beaucoup de régions au Maroc, y compris le Rif, alors que d’autres zones sont restées marginalisées, n’ayant bénéficié d’aucun développement ». Qu’en est-il de la responsabilité de l’Etat ? « Il est indéniable que des erreurs ont été commises », répond celui qui occupe le poste de conseiller royal depuis 2000. « Je me demande où est le gouvernement dans tout cela, où sont les partis politiques et les institutions financées à coups de milliards ? Nous sommes presque dans l’impasse, après que les institutions compétentes ont échoué à régler la crise », s’interroge-t-il.

Que pense-t-il d’une intervention de Mohammed VI, réclamée par plusieurs intellectuels. « Tout le monde attend l’intervention de Sa Majesté le roi mais cela ne constitue pas la solution. Il n’est pas raisonnable que le gouvernement et les institutions n’assument pas leur responsabilité (…) Il n’est pas aisé pour sa majesté de s’aventurer dans un dossier épineux dont les réactions ne sont pas prévisibles », réagit-t-il. Et de conclure : « J’espère que la sagesse prendra le dessus à la fin car le Maroc a visiblement perdu ses sages, après que les intellectuels se sont murés dans le silence ou se sont retirés pendant que d’autres regardent le spectacle avec ironie. »

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