Escarmouche à l’UA entre le Maroc et l'Algérie

Autour d’une clause pour l’envoi d’une mission d’évaluation "dans les territoires occupés de la RASD" dans le rapport de la Commission africaine des droits de l'Homme, le Maroc et les alliés du Polisario ont jouté à l’Union africaine le 1er juillet.

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Ouverture du Conseil exécutif de l'UA le 30 juin à Addis-Abeba. (Archives) Crédit : TelQuel

De notre envoyé spécial à Addis-Abeba

Le ton est monté entre le Maroc et l’Algérie le 1er juillet après-midi à Addis-Abeba, lors de la deuxième journée du Conseil exécutif qui réunit les ministres des Affaires étrangères de l’Union africaine. En sortant de la session, quelques ministres étrangers parlaient de « clash« , ou commentaient : « c’est chaud entre le Maroc et l’Algérie« .

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Cette tension est survenue autour d’un paragraphe du rapport d’activité de la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples (CADHP), présidée par la Sud-africaine Faith Pansy Tlakula. Le rapport, adopté cette semaine par la 34e session ordinaire du Comité des représentants permanents (COREP), recommande l’envoi d’ »une mission d’évaluation dans le territoire occupé de la République arabe sahraouie démocratique pour être conforme aux précédentes décisions du Conseil exécutif« . Il ajoute que la mission devrait être mandatée à « brève échéance« . Le Maroc a demandé l’amendement ou la supression de ce paragraphe. L’Algérie s’y opposant, »il y a eu un peu de sport, » concède la délégation marocaine.

Le Maroc a recueilli 16 alliés sur la questions, les Comores, Sao Tome, le Gabon, Madagascar, le Swaziland, la Côte d’Ivoire la Guinée équatoriale, le Burkina Faso, les Malawis, la Gambie, le Sénégal, le Bénin, la Guinée Bissau, la Centrafrique, le Cap-Vert et le Nigéria qui a pris la parole pour se proposer en médiateur. Il mènera des consultations pour trouver un compromis sur la question. En face, avec l’Algérie, seuls la RASD, la Namibie, le Botswana, le Zimbabwe, le Lesotho et l’Afrique du Sud se sont prononcés contre l’amendement.

« C’est un paragraphe qui est présent dans le rapport depuis 9 ans, mais cette fois-ci nous sommes là pour nous opposer. Le problème c’est que c’est un rapport qui ne représente pas la position de la majorité des membres. C’est comme si dans un match de foot l’arbitre donnait vainqueur l’équipe qui a marqué un but, mais qui en a pris cinq, » explique un diplomate marocain, fustigeant le parti-pris du secrétariat de la Commission.

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Le soir même, alors que quatre membres de la délégation algérienne dont le ministre des Affaires étrangères Abdelkader Messahel, dinaient au Sheraton d’Addis-Abeba, le ministre des Affaires étrangères de la RASD Mohamed Ould Salek est venu leur rendre visite quelques minutes. A son départ, les Algériens ont trinqué à « une grande victoire« . Interrogé par Telquel.ma, Abdelkader Messahel assure pourtant qu’il rencontre le ministre sahraoui de la même manière qu’il a rencontré Nasser Bourita quelques instants plus tôt. « Le problème de cet après-midi n’est pas entre le Maroc et l’Algérie. C’est entre le Maroc et la RASD. Pour le résultat du consensus, demandez au Nigéria qui fait la médiation. Vous verrez demain de toute façon, » explique-t-il.

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