Unicef : 9 enfants marocains sur 10 victimes de violences

Crédit: Fadel Senna/AFP

Selon le rapport de l’Unicef « Progress for children with equity in the Middle East and north Africa », 91% des enfants sont violentés au Maroc. Des inégalités persistent dans plusieurs domaines tels que la santé ou l’éducation.

Un pays jeune, au sein d’une région qui l’est tout autant. Septième pays le plus peuplé par les moins de 18 ans au sein de l’espace Moyen-Orient et Afrique du Nord (Mena), le Maroc possède des atouts démographiques indéniables. C’est l’un des enseignements du rapport « Progress for children with equity in the Middle East and north Africa », récemment publié par l’Unicef.

Le rapport s’appuie sur les résultats des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), tout en exposant ses perspectives concernant les objectifs de développement durable (ODD). Bien que focalisée sur les enfants, l’étude offre aussi un regard plus large sur la situation sociale et économique de chacun des pays étudiés. Parmi les critères de l’étude: l’accès des enfants aux soins, à l’éducation, aux infrastructures de base, ou à la nourriture. Si la situation du Maroc est bien meilleure que celle de certains pays en guerre tels que la Syrie ou la Libye, ses résultats sont loin des performances des monarchies du golfe. Un phénomène aggravé par les inégalités d’accès liées au sexe ou au lieu d’habitation. 

Plus grave encore : selon l’Unicef, 9 enfants de 2 à 14 ans marocains sur 10 seraient victimes de violences sur la période 2006 – 2014. Concernant les jeunes filles, certains chiffrent sont également préoccupant : en 2003, 15% des femmes de moins de 18 ans se sont mariées. Et en 2014, 32 naissances sur 1.000 impliquaient des femmes de 15 à 19 ans.

Des progrès en médecine qui ne profitent pas à tous 

Entre 1990 et 2015, la mortalité des enfants de moins de 5 ans a particulièrement chuté sur le territoire. En réduisant le nombre de 80 décès pour 1000 naissances à 22, le Royaume peut se targuer de réels progrès dans la prise en charge du phénomène. Des progrès qui se constatent aussi dans l’évolution de la médecine, avec une réduction du taux de mortalité maternelle qui atteint le ratio de 100 mamans décédées sur 100.000 naissances en 2015, contre presque le triple 20 ans plus tôt. 

Pour autant, le Maroc reste parmi les 5 pires pays en termes de mortalité maternelle devant l’Algérie, le Soudan et le Yémen. Un triste constat qui s’explique notamment par le manque de couverture des soins prénataux. Il s’avère donc difficile pour la gent féminine d’apprécier pleinement les progrès réalisés dans l’accès aux soins.

Une discrimination particulièrement visible selon les lieux de résidence. En 2012, 90% des femmes vivant en zone urbaine pouvaient bénéficier des services de personnel compétent lors de l’accouchement, contre à peine 50% dans les campagnes.

L’eau potable à contre-courant de l’alimentation

Avec moins de 5% des enfants âgés de moins de 5 ans souffrant d’insuffisance alimentaire en 2015, le Maroc affiche de meilleurs résultats que certaines monarchies du Golfe telles que l’Arabie Saoudite ou Oman.

Si l’alimentation n’est pas un problème d’envergure dans le Royaume, l’accès à l’eau potable est beaucoup plus difficile. En 2015, Le Maroc se classe ainsi derrière l’Irak avec un pourcentage d’accès à l’eau potable qui ne dépasse guère les 80%, contre 100% ou presque, dans les monarchies du Golfe. Malgré des progrès, le pays n’atteint pas l’objectif fixé dans le cadre des OMD dans ce domaine, contrairement à l’Égypte, la Tunisie, ou le Liban.

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Pour expliquer cette tendance, le rapport de l’Unicef s’appuie notamment sur le manque d’infrastructures sanitaires compétentes. En 2015, seuls 75% des Marocains pouvaient en bénéficier. Une fois encore, les campagnes sont marginalisées.

Un phénomène qui génère des pratiques dangereuses sur le plan hygiénique, telles que les déjections à l’air libre. Toujours en 2015, le Maroc était le deuxième pays le plus concerné par ce genre de pratiques dans la zone Mena, derrière Djibouti.

Les filles moins scolarisées, mais plus compétentes.

En matière d’enseignement préscolaire, le Maroc n’a quasiment réalisé aucun progrès entre 2001 et 2014. Il figure pourtant dans le top 5 en la matière dans la région, avec les Émirats arabes unis, le Liban, le Koweït, et l’Algérie.

Derrière ce résultat relativement satisfaisant se cache pourtant une triste réalité. Le Maroc est le pays respectant le moins le critère de parité en matière de scolarisation avant le primaire.

Ceci ne l’empêche pas de se hisser en tête du classement concernant la scolarisation des élèves au primaire en 2014. En 20 ans, le Royaume a ainsi réussi à réduire de 30% le nombre des élèves déscolarisés au primaire.

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Arrivé au collège, le taux de scolarisation des Marocains chute à 60%. Résultat au classement: le Maroc apparaît derrière l’Égypte, l’Iran et l’Irak. Un pourcentage inquiétant qui diminue au fil des années de scolarisation. Avec  10% d’écart entre les sexes, les hommes sont encore surreprésentés au collège. Pourtant, ce sont bien les femmes qui affichent les meilleurs résultats aux tests de lecture et de calcul en 2011. Une tendance qui se confirme dans la totalité des pays de la région Mena où les femmes réussissent mieux, malgré les inégalités auxquelles elles sont confrontées.  

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