Un congrès RNI pour valider les réformes du président Akhannouch

Le congrès national du RNI se tiendra ce 19 mai à El Jadida. Les membres de la formation de la colombe éliront leur nouveau conseil national ainsi que leur bureau politique et valideront les nouveaux statuts de leur parti.

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Aziz Akhannouch présentant la nouvelle organisation du parti dans un meeting à Agadir. Crédit: DR

Le Congrès national du RNI qui se tient à partir de ce vendredi 19 mai à El Jadida a pour principal objectif de poursuivre la « renaissance » du parti à la colombe, mais aussi de décoller l’étiquette de parti de l’administration qui lui colle à la peau.

Près de 3.000 militants sont attendus à cette rencontre. Une première depuis l’élection d’Aziz Akhannouch à la tête de la formation en octobre. Ce congrès permettra aux membres du RNI de valider les nouveaux statuts du parti, d’élire leur Conseil national ainsi qu’une partie du bureau politique du parti qui comprend déjà les ministres RNI du gouvernement actuel. Ces réformes avaient été annoncées par Aziz Akhannouch lors d’un meeting géant en janvier dans son fief d’Agadir.

Table rase

Après le meeting d’Agadir, le successeur de Salaheddine Mezouar a décidé de rebâtir le parti depuis la base, en demandant la réadhésion des membres du parti. L’objectif: connaître le nombre exact de militants, et constituer une base de données. Les adhérents ont même reçu une carte magnétique de membre leur donnant accès à l’application mobile créée par leur parti, entre autres. « Les adhérents sont désormais des adhérents réels et cela permet d’éviter toute erreur concernant l’identification de la base du parti« , affirme Driss Haouat, cadre historique du RNI.

Ce nouveau départ concerne également les structures physiques du parti qui ont changé de main. « Auparavant les sièges locaux du parti appartenaient à des particuliers. Certains membres du RNI les utilisaient comme un fonds de commerce et pouvaient changer d’allégeance en fonction du plus offrant. Désormais, l’ensemble des sièges locaux du RNI appartiennent au parti lui-même », explique Haouat.

La réforme du RNI passe également par la refonte des statuts du parti qui seront votés lors du prochain congrès. Nouveauté: le texte a été transmis à l’ensemble des militants à travers l’application mobile où ils ont la possibilité de suggérer des amendements.

Du sang neuf

Autre nouveauté, le renouvellement des visages au sein des instances du parti. Depuis son discours d’Agadir, Aziz Akhannouch a nommé de nouveaux cadres au sein du RNI. En février, il a désigné de nouveaux coordinateurs régionaux parmi lesquels des personnalités bien connues au sein de la formation. On pense notamment à Mbarka Bouaida, chargée de la région Guelmim-Oued Noun. Par ailleurs, le nouveau ministre du Commerce extérieur, Mohamed Abbou, a hérité de la coordination du parti dans la région Fès-Meknès, tandis que Mohamed Boussaid, le ministre de l’Économie, est devenu l’homme fort du parti dans la région de Casablanca. La désignation de ce dernier est un symbole fort puisqu’il remplace Mohamed Bentaleb qu’une source au sein du parti avait présenté comme « un faiseur de pluie et de beau temps » à nos confrères du Huffington Post. Invité par Telquel.ma à s’exprimer sur les changements survenus au sein du parti de la colombe, Bentaleb s’est refusé à tout commentaire affirmant qu’il n’était « plus membre du parti« .

Les nouveaux coordinateurs régionaux auront pour mission de mettre en place le nouveau programme politique du RNI. Ce dernier sera en partie conçu par des coordinateurs provinciaux, élus à l’issue de 83 rencontres provinciales qui se sont tenues après le meeting d’Agadir, selon Driss Haouat.

Les responsables régionaux devront également encadrer ces coordinateurs provinciaux qui ont pour mission de’élargir la base d’adhérents, en vertu du contrat-programme qui leur a été imposé au moment de leur élection. Ces contrats-programmes sont une autre nouveauté au sein du parti. Ils ont été évoqués pour la première fois par Aziz Akhannouch, lors du fameux meeting d’Agadir.

Organisations parallèles

Une autre particularité de ce RNI nouveau, ressort dans la volonté de mettre en place des organisations parallèles. Ainsi, depuis le discours d’Agadir, l’ébauche d’une jeunesse du parti a émergé. En effet, dans chacune des douze régions du royaume, un « jeune président » du RNI a été désigné.

Une autre organisation parallèle a vu le jour, celle consacrée aux femmes. Douze congrès régionaux consacrés aux femmes se sont ainsi tenus. « Lorsqu’il n’existe pas d’organisations consacrées aux femmes, leurs voix ne sont pas entendues, et elles n’ont pas la possibilité d’être une force de proposition« , affirme une source proche de la présidence du RNI.

Le parti de la colombe a également investi certains secteurs professionnels. Depuis le mois de janvier, une organisation des avocats du RNI et une autre regroupant les ingénieurs ont vu le jour. « Ces structures n’ont pas pour but de remplir l’organigramme. Elles devront apporter des propositions concrètes émanant de personnes faisant partie de secteurs professionnels spécifiques« , nous certifie notre source proche d’Aziz Akhannouch.

40 ans, l’âge du changement

Ces réformes, qui marquent un rapprochement avec les bases du parti, permettront-elles au RNI de se défaire de son image de « parti de notables »? « Le parti n’est pas « illégitime ». […] En participant au gouvernement d’alternance, il a bénéficié d’un ticket de reconnaissance de la part des partis du mouvement national« , estime le politologue Mustapha Sehimi. Il estime néanmoins que les militants du parti à la colombe, contrairement à ceux d’autres formations comme l’Istiqlal, l’USFP et le PJD, n’ont pas de lien aussi fort à leur parti qui est toujours considéré comme « un prolongement de l’État et de ses administrations » .

L’absence d’assise populaire peut également constituer un frein pour cette formation qui devra faire face au PJD lors des élections législatives de 2021. « Il lui manquera toujours l’immersion dans la société. Ce sera un grand challenge pour Akhannouch« , affirme Mustapha Sehimi.

Un challenge que le président du RNI compte bien relever selon Driss Haouat. « Nous n’avons pas pour seul objectif les élections. Nous souhaitons développer une proximité avec les habitants des quartiers populaires, les industriels, mais aussi les agriculteurs. Ce sont ces personnes qui feront le programme du RNI. Le parti fête ses 40 ans, et nous voulons passer du statut administratif à celui du peuple« , affirme celui qui fut l’un des premiers adhérents du RNI après sa création par Ahmed Osman.

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