Redressement judiciaire de Prodec après la descente aux enfers de Said Bencherki

Après avoir été cédée par la famille Bencherki, la société Prodec, spécialiste de la peinture industrielle, a été placée en redressement judiciaire. Son ex-patron, Said Bencherki, avait quitté le pays en laissant derrière lui plus de 300 millions de dirhams de dettes.

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Prodec rend-elle l’âme? En proie à de grosses difficultés financières, le fabricant de peinture a été placé en redressement judiciaire en mars dernier. Criblée de dettes, la société appartenant à la famille Bencherki, en cessation de paiement depuis juin 2016, a été cédée à Costa Pro, une société fraichement créée, spécialisée dans l’immobilier et la logistique. Incarcéré fin février en Espagne, l’ex-PDG de Prodec, Said Bencherki, avait laissé derrière lui une ardoise de plus de 300 millions de dirhams auprès d’Attijariwafa Bank, la BP, la SGMB et la BMCI. Retour sur la descente aux enfers d’un fleuron de la peinture vieux de plus d’un demi-siècle.

Pro-dettes

Spécialiste de la peinture industrielle, Prodec a été fondée en 1953 puis rachetée par Mohamed Bencherki. Avec des antennes à Casablanca, Marrakech, Tanger, Fès, Oujda, Agadir et Témara, la société écoulait ses produits partout, concurrençant les leaders du marché de la peinture. En 2003, Said Bencherki, fils du fondateur de Prodec, est propulsé au poste de directeur général. « L’intéressé se trouvait devant un dilemme: continuer l’œuvre du père (…) et dormir sur des lauriers modestes en termes d’offre et de capacité de production, ou prendre le cap du changement avec ce que cela exige comme vision et adaptation« , écrivait en 2010 l’hebdomadaire Challenge.

Said Bencherki mise alors sur le changement et le développement de la capacité de production. En 2010, deux ans après le décès de son père, il lance ainsi en grande pompe une nouvelle unité industrielle à Lakhyayta, près de Casablanca, avec un investissement de 250 millions de dirhams. Une stratégie qui se révèle infructueuse puisque, l’année suivante, Prodec essuie pour la première fois une perte sèche de 40,5 millions de dirhams. À peine la société renoue-t-elle avec la rentabilité en 2013, qu’elle passe à nouveau dans le rouge en 2014. Elle enregistre cette année un déficit de 44 millions de dirhams. Rebelote en 2015 avec une perte de 38 millions de dirhams.

Alors que le navire sombre, entre 2009 et 2016, les banques continuent pourtant de prêter à Said Bencherki. Le patron de Prodec se retrouve finalement avec une ardoise de quelque 300 millions de dirhams qu’il n’a pu régler à ces banques, selon des documents obtenus par Telquel.ma. Il a d’ailleurs quitté le territoire marocain, avant d’être incarcéré en Espagne pour possession de GHB, plus connu sous le nom de la « drogue du violeur » selon le site d’information Ledesk.ma. « Said Bencherki (…) était avant son départ pour l’Espagne, recherché au Maroc pour divers délits financiers », précise la même source. Information également fournie à Telquel.ma par un de ses proches, mais que nous n’avons pas pu confirmer.

Le départ des Bencherki

Lors d’une Assemblée générale tenue le 9 janvier, Said Bencherki et la holding Medpar, groupe qu’il contrôle aussi, décident de céder Prodec qui passe alors sous le giron de la société Costa Pro (lancée en 2016) et d’un consultant répondant au nom de Nour-Eddine Melgou, nommé pour l’occasion PDG de Prodec. Cependant, la société restait sous le coup de ventes aux enchéres jusqu’à ce que le tribunal la place en redressement judiciaire en mars dernier. Ceci ouvrait la voie au décompte des créances dans un délai de deux mois suivant la publication de la décision au Bulletin officiel (et de deux mois supplémentaires pour les créanciers domiciliés à l’étranger). Pourquoi donc Ahmed Tronbati, patron de Costa Pro, a-t-il racheté une société en péril? À l’évocation du sujet, le nouveau PDG de Prodec, Nour-Eddine Melgou, a promis de nous rappeler, avant de raccrocher.

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