À Ouarzazate, le collectif Hardzazat accuse les autorités de saboter son festival

Les organisateurs du festival solidaire Hardzazat Hardcore, qui devait se tenir ce jeudi 30 mars, dénoncent les pressions des autorités locales sur la société civile chargée d'encadrer l'évènement.

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Dans un communiqué publié ce jeudi 30 mars, les organisateurs du Hardzazat Hardcore Festival, manifestation culturelle abritée à Ouarzazate, s’excusent auprès du public de changements de dernières minutes. L’évènement, qui devait démarrer le jour même, ne se tiendra finalement pas au sein du complexe de la Fondation Mohamed V pour la solidarité à Ouarzazate, comme prévu initialement. Les organisateurs annoncent même dans la foulée que la date de lancement du festival a été repoussée.

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Le communiqué publié sur la page Facebook de l’évènement jeudi 30 mars.

La cause de ce report? Les pressions des autorités locales sur les associations partenaires pour empêcher la tenue de l’évènement, affirment les deux fondateurs du festival. « Nous avions l’autorisation administrative pour jouer dans ce complexe, mais le directeur a subitement changé d’avis. Il nous a affirmé qu’il avait subi des pressions de la part des autorités locales« , affirme Nasser Khalil. « Il nous a dit qu’on l’avait appelé et dit : si vous participez à l’organisation du festival vous n’aurez plus de subventions et votre association fermera« , poursuit-il.

Le même scénario se serait reproduit avec le président de l’association Alamal pour l’animation et la protection de l’environnement, qui devait encadrer l’évènement. « Il nous a donné les mêmes explications« , poursuit Nasser Khalil qui dénonce une « censure politique« . Contactés par nos soins, les membres de la Fondation Mohammed V pour la solidarité n’ont pas donné suite à nos sollicitations. Les autorités locales restent quant à elle injoignables.

Festival « do it yourself »

Basé sur le principe du « do it yourself« , le Hardzazat Hardcore Festival veut promouvoir la culture hardcore et underground en général. Parce que l’évènement ne reçoit aucune subvention publique et n’a aucun sponsoring commercial, les artistes qui y participent peuvent se permettre une certaine liberté de ton qui dérange les autorités locales, affirment les fondateurs. « On n’impose rien aux artistes. Ils sont libres de dire ce qu’ils veulent sur scène. C’est vrai que leurs chansons peuvent être provocantes, car ils n’hésitent pas à critiquer l’autorité« , avoue Nasser Khalil. Pour cette raison, le festival dont l’entrée est gratuite attire un public qui ne plaît pas forcément aux autorités locales. « On cible un mouvement de jeunes ouverts et libres. Donc pendant notre évènement, il y a de l’alcool, des cigarettes et des gens tatoués. On est antisystème, et ça leur fait peur« , ajoute Nasser Khalil.

Pour l’heure, les organisateurs de Hardzazat Hardcore cherchent encore un local pour leur évènement, qui a été décalé au week-end. « Nous sommes encore en négociation, mais on va tout faire pour que le festival ait bien lieu. Les artistes étrangers sont déjà sur place…« , se désespère Nasser Khalil. Les évènements culturels annexes (graffiti, cirque, projections, rencontres) sont maintenus, et se tiendront aujourd’hui et demain au sein de l’Université d’Ouarzazate.

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