Une pétition nationale pour la pénalisation du harcèlement au travail

Propos désobligeants, menaces, humiliations, tensions… Le harcèlement a toujours existé dans le monde du travail et touche aussi bien les hommes que les femmes. Une pétition est lancée pour venir à bout de ce phénomène. 

Par

Ni le Code pénal ni même aucun autre texte légal ne définit le harcèlement moral au Maroc. Ce phénomène n’est toujours pas reconnu comme délit passible d’une condamnation pénale. L’association Noufous, qui milite pour la prévention des risques psychosociaux, vient de lancer une campagne nationale pour combler ce vide juridique.

Parmi les objectifs de cette association figurent la reconnaissance du harcèlement moral au travail et sa pénalisation dans le Code du travail. Noufous vise concrètement à faire reconnaître les risques psychosociaux dans le milieu professionnel et à mettre en place des moyens de prévention en entreprise. L’ONG propose également un accompagnement psychologique aux personnes en détresse à cause de leur milieu professionnel.

Le harcèlement sexuel vaguement défini

Contrairement au harcèlement moral, le harcèlement sexuel est pénalement condamnable. « Quiconque, en abusant de l’autorité que lui confèrent ses fonctions, harcèle autrui en usant d’ordres, de menaces, de contraintes ou de tout autre moyen, dans le but d’obtenir des faveurs de nature sexuelle est passible d’un à deux ans d’emprisonnement« , dispose l’article 503 du Code pénal

Une loi qui, pour la présidente de l’association, Hajar Saoud, reste insuffisante et nécessite certains réajustements. « Dans la pratique, il est très difficile de révéler les actes de harcèlement sexuel et de les prouver. Qui plus est, la plupart des victimes n’ont pas connaissance des procédures à suivre quand elles sont confrontées à ce problème« , explique-t-elle.

Dans ce sens, la proposition d’amendement de la loi initiée par l’association Noufous permettra d’améliorer les conditions d’emploi des hommes et des femmes, en particulier, en les protégeant de toute forme d’abus et de violence sur les lieux de leur travail.

Un sujet tabou

Ce phénomène demeure un sujet tabou dans la société marocaine. Les victimes évitent d’en parler, car elles se sentent coupables et sont souvent pointées du doigt. Ainsi, l’association rapporte un cas parmi d’autres: « Une employée venue se plaindre de harcèlement sexuel auprès d’un inspecteur du travail a entendu dire qu’elle était responsable de l’abus commis par son employeur. Cet inspecteur lui a clairement fait comprendre que la faute lui revenait à elle et à toutes les femmes en général, de par leur manière provocatrice de s’habiller« .

Des témoignages accablants comme celui-ci, l’association en reçoit quotidiennement. Les conséquences dangereuses sur la santé physique et psychique des victimes peuvent aller des troubles psychotiques (stress, burnout, dépression) jusqu’au suicide dans certains cas. La pétition lancée le 23 mars sera déposée auprès du chef du gouvernement si les 5000 signatures requises sont atteintes.

Rejoignez la communauté TelQuel
Vous devez être enregistré pour commenter. Si vous avez un compte, identifiez-vous

Si vous n'avez pas de compte, cliquez ici pour le créer