L'ordre d'expulsion visant une mineure congolaise finalement suspendu

Retenue pendant un mois dans la zone d’attente de l’aéroport Mohammed V, une mineure originaire de République démocratique du Congo a finalement été autorisée à entrer sur le territoire.

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L'aéroport Mohammed-V de Casablanca. Crédit: AIC Press

La jeune fille originaire de la République démocratique du Congo qui était maintenue dans la zone d’attente de l’aéroport Mohammed V de Casablanca depuis le 12 février 2017 et qui était menacée d’expulsion a finalement été autorisée à rejoindre le Maroc. Elle sera prise en charge par l’Association Bayti pour l’enfance en situation difficile.

Le Groupe antiraciste de défense et d’accompagnement des étrangers et migrants (Gadem), qui a alerté la presse sur cette affaire, affirme à Telquel.ma que « la mineure a été expulsée de Tunis vers Casablanca », et que « son expulsion vers la RDC était prévue pour le dimanche 12 mars 2017« .

L’association affirme par ailleurs disposer de plus de détails sur les raisons qui ont poussé les autorités à prendre cette décision d’expulsion. « Il y avait d’une part des policiers qui voulaient l’expulser et ont donc entrepris des démarches auprès du consulat de la République démocratique du Congo (RDC). Même si elle avait un passeport qui lui donnait 17 ans, les policiers avaient des doutes sur son identité. Ils ont réussi à obtenir du consulat un certificat attestant que la jeune fille a 20 ans pour qu’elle puisse être expulsée« , nous explique Mehdi Alioua, président du Gadem.

D’un autre côté, une partie des policiers à l’aéroport ont pris soin de la jeune fille « en lui donnant à manger pendant une ou deux semaines« , poursuit notre interlocuteur. Ces policiers se sont informés auprès des associations afin de savoir comment faire pour qu’elle soit accueillie, d’après la même source. Cependant, « la procédure a été mal faite« , relève le président du Gadem. « Au lieu de passer par une procédure normale en saisissant la justice le ministère de la Famille qui s’occupe aussi de l’enfance, ils ont fait les choses de manière humaine. En gros, ils ne savaient quoi faire avec elle », indique le militant associatif.

Une juge pour enfant a été dépêchée sur place

Ce n’est qu’à quelques jours de l’expulsion, que le Gadem a été prévenu. L’association a aussitôt diffusé l’information dans les médias. « Lorsque l’histoire a été révélée par la presse, la procédure normale a été enclenchée et une juge pour enfant a été dépêchée sur place« , se réjouit Mehdi Alioua.

La jeune fille a été auditionnée le 11 mars, la veille de son expulsion. « C’est avec les éléments de l’audition qu’on a su qu’il y avait un papier du consulat de la RDC qui lui donnait 20 ans. La juge a décidé de casser cette décision d’expulsion en stipulant que même si on dit de la fille qu’elle a vingt ans, il est visible qu’elle en fait moins« , poursuit notre source.

Une fois le jugement rendu, une autre décision du ministère de l’Intérieur l’autorisant à accéder au territoire marocain était nécessaire. « Le ministère de l’Intérieur, sous la pression médiatique et suite au jugement rendu par la juge de l’enfance, a octroyé un laissez-passer à la jeune Congolaise qui a pu rejoindre Casablanca dans la soirée du 12 mars. Elle a été accueillie par l’association Bayti« , conclut le président du Gadem qui souligne au passage les rôles importants du CNDH, du ministère de la migration dans le dénouement de cette affaire.

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