Les enjeux de la visite du roi Mohammed VI en Guinée

Mohammed VI est attendu pour une visite officielle en Guinée-Conakry, troisième étape de sa tournée africaine entamée le 16 février. Cette visite dans le pays dirigé par Alpha Condé a un triple enjeu: économique, historique et stratégique.

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Le roi Mohammed VI et une importante délégation sont attendus ce jeudi 23 février à 16 heures à Conakry, la capitale guinéenne, pour une visite d’amitié et de travail, annonce la presse locale. La visite du souverain dans le pays, troisième étape de sa nouvelle tournée africaine, était prévue quelques jours plus tôt avant d’être reportée de 48 heures suite aux violentes manifestations qui ont éclaté en début de semaine dans la capitale guinéenne après une grève des syndicats des enseignants.

« Les Guinéens promettent un accueil triomphal à Mohammed VI après le retour du Maroc à l’UA« , rapporte l’Agence de presse africaine (APA).

Cette visite, la deuxième de Mohammed VI dans le pays après celle effectuée 2014, sera l’occasion de renforcer les relations économiques entre les deux pays. Sur le plan commercial, les exportations de la Guinée vers le Maroc sont estimées à plus de 5,9 millions de dollars alors que les importations de biens et produits en provenance du Maroc s’élèvent à 70 millions de dollars. Le Maroc est le 18e client de la Guinée et le 8e fournisseur du pays.

En 2014, lors de la visite du roi, les deux pays avaient signé 21 accords de coopération notamment dans les domaines du commerce, des mines, de l’agriculture et de l’agro-industrie, du tourisme, de l’éducation et de la formation supérieure.

Au-delà du renforcement des relations économiques entre le Maroc et la Guinée, Mohammed VI retrouvera le président Alpha Condé qui, en tant que nouveau président en exercice de l’Union africaine (UA), a joué un rôle primordial le 31 janvier à Addis Abeba lors des débats entre chefs d’État pour l’admission du Maroc.

Conaky, allié historique de Rabat

Les deux pays entretiennent de très bonnes relations, et ce depuis les indépendances. « Conakry est un allié historique de Rabat sur la question du Sahara. Les relations cordiales entre le Maroc et la Guinée remontent à Sékou Touré et Mohammed V. Ces rapports se sont améliorés avec Hassan II et maintenant avec Mohammed VI« , nous explique Maurice Mahounon, rédacteur en chef à Radio Bénin, analyste et spécialiste des relations internationales .

L’Algérie avait d’ailleurs reproché au président guinéen son « alignement total » sur les positions de Rabat à propos de la RASD alors qu’il était pressenti pour succéder à Idriss Déby à la tête de l’UA. Alpha Condé, alors qu’il venait d’être élu à la présidence, n’avait pas caché sa joie après l’annonce du retour du Maroc, déclarant que sa « compétence et son excellence » sont des « atouts pour l’Union africaine« . Le « roi a parlé avec son cœur. Il s’acquittera de sa part » pour renforcer l’indépendance du continent avait-il ajouté, faisant allusion au discours de Mohammed VI devant la Conférence de l’Union africaine.

De plus la Guinée fait partie des 28 pays signataires de la motion pour « réclamer la suspension des activités de la RASD » au sein de l’organisation panafricaine au lendemain de la demande de réintégration du Maroc à l’UA.

« Le Maroc a de son côté soutenu la Guinée pendant la crise d’Ebola par des dons de médicaments, mais a aussi récemment envoyé 100.000 tonnes d’engrais dans le pays« , rappelle le spécialiste des relations internationales.

« Remercier » Alpha Condé

Outre l’enjeu historique, la visite du roi dans ce pays francophone de l’Afrique de l’ouest trois semaines après l’admission du Maroc au sein de l’UA revêt également un enjeu stratégique. Le roi Mohammed VI y rencontrera Alpha Condé « pour le remercier« . « C’est aussi grâce à lui que l’admission du Maroc dans l’Union africaine a été adoptée par consensus. Il a su manoeuvrer pour que les pays d’Afrique australe [spécialement l’Afrique du Sud et le Zimbabwe, NDLR] et l’Algérie, qui sont des soutiens farouches de la RASD, ne puissent retarder ou faire obstruction à l’admission du Maroc« , relève Mahounon.

Ces pays faisaient partie des 10 qui avaient émis des réserves à l’admission du royaume, et proposaient à l’initiative du président Mugabe la création d’un Comité pour accompagner l’intégration du Maroc et veiller au respect de l’Acte constitutif de l’UA.

Le président Condé, en tant que président en exercice de l’UA, est aussi un atout le Maroc. Il « pourrait jouer un rôle déterminant et aider le Maroc à convaincre les autres chefs d’État qui soutiennent encore le Polisario même s’ils ne sont plus nombreux« , analyse notre source.

Lire aussi : Présidence de l’UA: Alpha Condé, un atout pour le Maroc?

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