Chantage royal: la justice française juge "recevables" les enregistrements compromettants pour les deux journalistes

La justice française a jugé recevables, le 16 février, des enregistrements-clé contestés dans l'affaire des deux journalistes français poursuivis pour chantage à l'égard du roi du Maroc.

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Les journalistes Eric Laurent et Catherine Graciet.

Catherine Graciet, 42 ans, et Eric Laurent, 69 ans, ont été inculpés pour chantage et extorsion de fonds. Ils sont soupçonnés d’avoir voulu extorquer trois millions d’euros au roi du Maroc en 2015, en échange de l’abandon d’un livre censé contenir des révélations gênantes pour Rabat. Les deux journalistes avaient été interpellés le 27 août 2015, en possession de 80 000 euros (857 000 dirhams) en liquide, au sortir d’une réunion avec un émissaire du Maroc, enregistrée à leur insu par leur interlocuteur. Eric Laurent avait déjà été enregistré lors de deux rencontres précédentes avec cet émissaire, l’avocat Hicham Naciri.

Dans son arrêt, la cour d’appel de Reims (est) reconnait « qu’il n’était pas de la responsabilité des enquêteurs de dissuader les plaignants de recourir à des enregistrements dont la légalité était justifiée par l’état de nécessité« , se sont félicités dans un communiqué Eric Eric Dupont-Moretti et Ralph Boussier, avocats du Royaume du Maroc. Les avocats des deux journalistes, qui reconnaissent un accord financier mais réfutent tout chantage, demandaient l’annulation des enregistrements des deuxième et troisième rencontres, au motif qu’ils sont « illégaux » car réalisés par l’émissaire marocain alors même qu’une enquête était déjà ouverte.

L’arrêt de la cour d’appel va à l’encontre d’une décision de la Cour de cassation les mettant en cause le 20 septembre. « Des positions judiciaires aussi contraires sur ces enregistrements sauvages démontrent en tout état de cause leur absolue fragilité« , a réagi par communiqué Eric Moutet, l’avocat de Catherine Graciet. Me Moutet a annoncé son intention de saisir à nouveau la Cour de cassation « contre ce nouvel avatar judiciaire » pour ne pas laisser passer « un tel bricolage dans la procédure pénale« .

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