Les Australiens misent sur la viande pour pénétrer le marché marocain

Le steak australien de Black Angus débarque dans les restaurants haut-de-gamme marocains. Crédit : Slices of Light / Flickr

Des hommes d’affaires australiens ont rencontré leurs homologues du royaume à Marrakech le 31 janvier pour débusquer de nouvelles opportunités au Maroc notamment sur le marché de la viande.

Dans l’ambiance tamisée du Buddah Bar à Marrakech, hommes et femmes d’affaires du Maroc et d’Australie s’activent. Au coeur des discussions: la Black Angus, cette vache australienne réputée pour sa viande tendre.

Gerard Seeber, haut-commissaire australien au commerce et aux investissements, est à l’origine de cette rencontre qui s’est tenue le 31 janvier. Il ne cache pas sa détermination: grâce à l’importation de leur viande, les Australiens veulent entrer sur le marché marocain.

Le pays exporte déjà plus de 70 % de sa production dans une centaine de pays, principalement aux États-Unis, au Japon et en Europe. Pour l’instant, l’Égypte est en tête des partenaires commerciaux dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (Mena). « Le Maroc est le prochain« , nous affirme Gerard Seeber, venu spécialement à Marrakech pour séduire des dizaines de chefs et patrons d’hôtels et de restaurants marocains.

La viande, un secteur porteur

Tout a commencé en 2013, lorsque l’Australie a commencé à fournir annuellement, moyennant 40 millions de dollars, 10 000 tonnes de viande aux Forces armées royales par l’intermédiaire de la société marocaine Holycow & More. Malgré des taxes très élevées, l’importation de viande australienne représente 75% de l’activité de l’entreprise d’Amine Bennaghmouch.

À 60 euros (plus de 600 dirhams) le kilogramme, Ronan Cadorel, chef exécutif au Hyatt Regency de Casablanca, importe une centaine de kilos de Black Angus par mois par le biais de Holycow & More. « Nos clients étaient à la recherche d’une viande différente et de qualité« , raconte-t-il.

Parmi les convives à la rencontre du 31 janvier, le patron du Cosmopolitan de Rabat s’est aussi laissé convaincre. « Je suis d’accord pour faire un essai pendant trois mois, c’est de la super viande, mais elle est chère« , affirme-t-il. S’il est partant pour un essai, il émet quelques réserves: « cela va amuser mes clients une ou deux fois, mais ensuite je ne suis pas sûr que cela prenne ».

Le Maroc, un marché de niche

Les Australiens sont conscients qu’il est difficile de pénétrer le marché marocain, car ils ne peuvent pas être compétitifs au niveau des prix. « C’est difficile d’exporter de gros volumes au Maroc à cause des taxes, il faut se positionner sur le marché de niche haut de gamme pour la restauration« , explique David Beatty, directeur commercial pour la région Mena de la fédération australienne de la viande et du bétail (Meat & Livestock).

Selon lui, le marché n’est pas prêt à recevoir de la viande australienne dans les supermarchés et dans la grande distribution. C’est pour cette raison qu’il préfère miser sur de la viande de grande qualité qui a déjà une clientèle définie. « Le Maroc est un pays touristique sûr qui construit des hôtels et restaurants de luxe cinq étoiles« , explique un des responsables de l’État australien de Victoria.

Création d’un conseil d’affaires maroco-australien

« Le Maroc est un marché encore précoce« , explique Gerard Seeber. « La viande est donc une façon de commencer, mais nous voulons aller plus loin« , poursuit-il. Alors que seulement une vingtaine d’entreprises australiennes ont investi au Maroc, il entend accélérer la cadence.

Un conseil d’affaires entre l’Australie et le Maroc devrait « voir le jour dans les prochains mois afin de développer les opportunités d’affaires entre les opérateurs et institutionnels des deux pays« , nous annonce Ahd Bouzaidi, associée d’Upside Consulting Group qui est en charge de ce projet avec le représentant de l’Australie au Maroc, Oussama Alaoui. Jusque-là, 25 sociétés ont exprimé le désir de le rejoindre.

Parmi elles, on peut compter l’OCP et la société australienne d’exploration minière Kasbah Resources. Le minerai est le deuxième secteur sur lequel comptent les Australiens, qui y ont déjà investi 200 millions de dollars au Maroc, principalement dans l’étain. L’exploration pétrolière a fait l’objet d’un investissement de 100 millions de dollars.

Les autres secteurs porteurs sont les infrastructures, où un bureau d’étude australien SMEC a investi. Installé au Maroc, il a déjà porté plusieurs gros projets comme le Schéma directeur d’aménagement urbain (Sdau) de la conurbation de Rabat et les rails de chemin de fer entre Agadir et Laâyoune. Malgré l’absence de liaison directe, le tourisme prend progressivement de l’ampleur avec la société australienne Peak Travel qui a réussi à faire rentrer entre 6 000 et 8 000 touristes australiens l’année dernière.

Le conseil d’affaires a pour but d’accélérer ces échanges alors que le Maroc n’est pour l’instant qu’un petit marché par rapport aux 16 milliards de dollars échangés entre les pays du Golfe et l’Australie. Une première étape alors que l’implantation d’une ambassade australienne est prévue à Rabat en 2017.

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