Christiane Taubira soutient un Français condamné au Maroc pour terrorisme

L'ancienne garde française des sceaux, Christiane Taubira, prend la défense d'un de ses compatriotes qui a été condamné à six ans de prison au Maroc pour "soutien financier au terrorisme".

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Photomontage Telquel.ma/DR

Dans les colonnes du magazine français L’Obs, Christiane Taubira dénonce la condamnation « sans justice » de Thomas Gallay. Ce ressortissant français a été condamné le 14 juillet 2016 à six ans de prison par la Cour d’assises de Rabat pour « soutien financier à des personnes en vue de commettre des actes terroristes« . Emprisonné depuis près d’un an dans la prison de Salé, Thomas Gallay a fait appel. La dernière audience de son procès en appel, qui s’est déroulée le 25 janvier, a été reportée sine die.

Récit d’une arrestation

Cet ingénieur de 37 ans, installé au Maroc depuis 2014, a été arrêté le 18 février 2016 à Essaouira avec neuf autres suspects dans le cadre d’un coup de filet antiterroriste. « Pendant 24 heures, je ne savais pas où était mon fils. Je me suis imaginée le pire. Jamais je n’aurais pensé qu’il aurait pu être arrêté pour terrorisme« , confie sa mère, Béatrice Gallay contactée par Telquel.ma.

Selon la mère, les policiers ont informé Thomas Gallay qu’il était arrêté dans le cadre d’une enquête antiterroriste visant une de ses connaissances : Maelainine L. Ce dernier est un Marocain soupçonné d’être membre de Daech. Il avait aidé le Français à trouver un logement à son arrivée au Maroc. Maelainine a été arrêté en possession d’armes lourdes.

La défense dénonce des vices de procédure

Toujours d’après Béatrice Gallay, les policiers ont traduit oralement en français à Thomas Gallay le procès-verbal (PV) rédigé en arabe de sa garde à vue. « Thomas a signé un document en langue arabe qu’il ne comprend pas, et dont il ne peut vérifier le contenu« , soutient la mère du Français.

Pour Christiane Taubira,  « toute personne doit avoir les moyens de comprendre ce dont on l’accuse, et doit pouvoir s’assurer que la retranscription de ses propos correspond bien aux déclarations qu’il signe ».  « Quand bien même Thomas Gallay s’avérait coupable des faits qui lui sont reprochés, il a droit à un procès équitable« , ajoute l’ancienne ministre française de la Justice.

Human Rights Watch, Amnesty International et la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme s’étaient déjà saisis de l’affaire en novembre dernier. Elles dénoncent une condamnation prononcée sur la base d' »aveux douteux« .

Lire aussi : HRW, Amnesty et la FIDH reprochent au Maroc des condamnations sur la base d’ »aveux douteux »

En attente de la décision de la Cour d’appel

Spécialiste de la défense des Français à l’étranger et avocat de Thomas Gallay, Frank Berton s’étonne que son client ait été condamné à six ans de prison pour « soutien financier à une entreprise terroriste » à hauteur de 700 dirhams seulement. Selon la défense, cette somme n’aurait pas servi à financer un attentat, mais simplement à « dépanner » un ami. Une assertion impossible à vérifier.

La défense récuse aussi la conversion à l’islam du condamné, tentant par là de mettre en doute son soutien au groupe terroriste Daech. « Il n’existe aucun document ni témoin qui prouve que Thomas s’est converti à l’islam« , soutient Me Abderrahim Jamaï, l’avocat marocain du Français.

Pourtant, les policiers ont bien analysé un disque dur contenant des photos et des vidéos de drapeaux de Daech, de visages barbus et de terroristes, reconnaissent les avocats de Thomas Gallay. « Mais il n’y a aucun nom, aucune date sur les documents. On ne peut pas contrôler d’où ont été tirées ces photos« , rétorque Me Berton. Alors que quatre personnes ont été entendues le 21 décembre, il manque encore le réquisitoire du juge et la plaidoirie des avocats. « J’attends beaucoup de la Cour d’appel« , conclut Franck Berton.

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