Education, économie, droits de l'homme : Trois initiatives qui redonnent de l'espoir

Lors de son premier laboratoire citoyen, le mouvement "Les Citoyens" a présenté des projets et initiatives internationales, mais aussi marocaines apportant des "solutions concrètes" aux problèmes des citoyens. Petit tour d'horizon.

Par

Quatre membres du comité « Les Citoyens » sont montés sur scène un grand sourire jusqu’aux oreilles. Le journaliste Abdallah Tourabi, la consultante Laila Bennis, l’entrepreneur social Adnane Addioui et la dirigeante d’entreprise Ghita Lahlou étaient fiers d’accueillir une centaine de personnes dans la salle cossue du Studio des Arts vivants de Casablanca, venues assister à leur premier laboratoire citoyen appelé Insijam, soit cohésion en arabe.

Lire aussi : « Les Citoyens », le nouveau think tank qui réunit le gotha de la sphère économique

 « Nous croyons en l’action collective qui doit être force de proposition et apporter des solutions concrètes« , lance Laila Bennis qui annonce les trois axes de réflexion. Education, emploi, droits de l’homme : à chaque fois, les membres du mouvement « Les Citoyens » ont invité des personnes qui s’investissent au niveau local, mais aussi à l’international.

L’école Hjrat Nhal

Le mot d’ordre est de ne pas compter sur les hommes politiques pour faire bouger les choses. Le directeur de l’école Hjrat Nhal,  Ahmed Salmi Mrabet, l’a bien compris. Enseignant depuis 32 dans l’éducation publique, il est à l’origine d’une expérience inédite dans son établissement de la région de Tanger. L’école repose sur une pédagogie basée sur l’écologie afin de s’adapter à son environnement avec la collaboration et l’implication des parents. « Nous avons une bonne communication avec les autorités et le ministère qui nous apprécient et nous reconnaissent« , explique Ahmed Salmi Mrabet. Il espère alors  que ce modèle développe dans d’autres écoles qui puissent s’en inspirer. « Au total, 20 autres établissements sont en cours« .

Lire aussi : Ecole de Hjar Nhal : une éco-école pas comme les autres

« Le gouvernement devrait être à la tête du changement, afin que nous les collaborateurs puissions suivre et agir« , affirme Seema Bansal. Directrice associée du Boston Consulting Group (BCG) en Inde, elle a travaillé sur les politiques d’éducation dans un Etat indien de la taille du Maroc qui a les mêmes problématiques que le royaume. « 50% des élèves vont dans le privé car l’éducation publique n’est pas suffisamment de bonne qualité. Les jeunes abandonnent les études vers 14-15 ans« , détaille-t-elle. Selon elle, le problème n’est pas le manque de motivation de la part des enseignants mais plutôt le manque de moyens et de formation. Elle a donc mis en place un programme s’étalant sur une durée allant de deux à trois années pour qu’ils puissent apprendre à enseigner avec leurs propres moyens. « Il fallait aussi améliorer les moyens de communication entre les écoles pour qu’elles se donnent les bonnes idées. Cela s’est fait par la création d’une simple conversations Whatsapp« , prend elle pour exemple.

L’association Open Villages

Une autre initiative dans un petit village, cette fois-ci à Tizi N’Oucheg dans le Haut Atlas, a été présentée. Le pari lancé par Rachid Mandili, natif de ce village qui était sans électricité, eau courante école ou source de revenus, était de devenir autonome. Désormais sorti de son isolement, il commence à attirer le regard des villages voisins, mais aussi de Ahmed Benabadji, consultant en stratégie. Ce dernier, impressionné par l’effort des villageois solidaires, a créé l’association Open villages, afin de diffuser la philosophie et répliquer le modèle. « Il y a 15 millions de ruraux au Maroc, il faut qu’ils se sentent bien dans leurs villages. Les grandes villes ne sont pas capables de tous les absorber« , s’inquiète Ahmed Benabadji. Le but est donc de faire revenir les jeunes dans les villages, même s’ils ont fait des études ailleurs.

Solidarité féminine

Le combat de 57 ans d’Aicha Ech-Chenna a été mis sous les projecteurs. Fondatrice de l’association Solidarité féminine, elle se bat pour le droit des femmes. « J’ai vu comment la société civile est en train de s’ouvrir« , observe-t-elle. Encore indignée par la condition des mères célibataires, elle concède que certaines avancées ont lieu notamment sur la possibilité de la mère de donner son nom à un enfant né hors mariage. Ceci est le fruit de la mobilisation citoyenne. « Mais les combats sont encore nombreux, comme la lutte contre l’article 446 qui dit qu’un enfant né de la fornication est un bâtard ou le manque d’éducation sexuelle« , s’insurge-t-elle avec force. Elle appelle donc les citoyens à ne pas baisser leur garde et à continuer d’être vigilant.

Lire aussi : Fatima, 26 ans mère célibataire habitant un bidonville

Même constat du côté de Ghazi Gherairi, ambassadeur de Tunisie auprès de l’Unesco et un des acteurs de l’écriture de la constitution tunisienne à partir de 2011. « Nous fêtons ce 27 janvier la promulgation de la nouvelle constitution jour pour jour« , s’enthousiasme celui qui est professeur de droit constitutionnel. « J’aimerais revenir sur le rôle essentiel des citoyens dans son écriture« , explique-t-il. Il raconte que la mobilisation des citoyens restés vigilants même après la révolution a permis d’apporter des avancées comme la liberté de conscience désormais inscrite dans la constitution. « Une première dans le monde arabe!« , se félicite Ghazi Gherairi. De même l’article 21 qui garantie l’égalité des citoyens et citoyennes a été adopté grâce à la protestation des femmes qui sont descendues dans la rue. « C’est ainsi qu’une constitution devient un vrai contrat social« .

Rejoignez la communauté TelQuel
Vous devez être enregistré pour commenter. Si vous avez un compte, identifiez-vous

Si vous n'avez pas de compte, cliquez ici pour le créer