Portrait: Chokrane Amam, le tout jeune président du groupe parlementaire de l'USFP

Qui est Chokrane Amam, le nouveau président du groupe parlementaire de l'USFP, dont l'âge contraste avec celui des cadors campant dans l'hémicycle ?

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Chokrane Amam. (c) DR

« L’USFP n’est pas mort« , nous déclare avec passion et conviction Chokrane Amam, le tout jeune président du groupe parlementaire de l’USFP. Chasse gardée des cadors du parti, le prestigieux fauteuil de président a été cédé à un avocat de 39 ans à peine, comme pour redonner de l’éclat au parti de la rose. « Le parti veut transmettre un message à la scène politique. L’USFP encourage les jeunes et leur fait confiance. Je peux vous assurer que cette décision a fait l’unanimité au sein du parti« , explique fièrement Me Amam.

Le jeune député a grandi dans une famille militante à Ouazzane. « Vous connaissez la petite ville? » nous demande-t-il naïvement. Ses premiers pas de militant, il les effectue au sein du mouvement de l’enfance populaire. Porté par l’élan « gauchiste » de la petite ville du nord, il intègre la chabiba de l’USFP dès ses 16 ans. Son bac en poche, il s’inscrit à la faculté de droit de Rabat. Devenu avocat, son parcours politique est tout bonnement tracé au sein de la formation socialiste à laquelle il a consacré jusqu’à présent 22 ans de son existence.

Ce n’est pas pour rien que Chokrane Amam nourrit de grandes ambitions pour l’USFP. La débâcle de l’USFP, arrivé 6e lors des législatives d’octobre 2016, ne le décourage pas. « Aujourd’hui on n’a certes que 20 sièges, mais ce n’est pas le nombre qui compte. On va faire la différence en mettant le citoyen marocain au cœur de notre travail parlementaire, à l’image de ce qu’on a fait dans les années 1970 » espère-t-il. Même si l’USFP a perdu de sa superbe depuis cette époque, il reste optimiste. « Aujourd’hui les choses changent. C’est pareil pour les problématiques qui nous concernent. Si contester l’oppression était à l’époque un acte de courage aujourd’hui le Maroc a changé. On est portés par des problématiques économiques et politiques pressantes« .

Lorsque nous l’interrogeons sur le plan de l’USFP pour « faire la différence » durant les cinq prochaines années au sein de l’hémicycle, Chokrane Amam explique que son parti va se « concentrer sur des questions primordiales comme le chômage, la santé, l’éducation et la corruption administrative« . Il nous confie d’ailleurs que son groupe va proposer un premier projet de loi sur « les affaires de l’État et la bonne gouvernance« .

Le nouveau président du groupe parlementaire de l’USFP aborde avec retenue l’épisode qui a vu son parti évincé des négociations pour la formation du prochain gouvernement. « On vit dans une démocratie naissante, mais beaucoup de questions se posent sur la légitimité électorale. Le PJD est certes arrivé en tête, mais tous les partis ont une légitimité électorale. Je suis en désaccord avec la manière dont ce parti utilise la religion pour avoir voix. Il y a certaines personnes qui ont voté pour le PJD en croyant voter pour la religion. Avec le temps ça va changer. Les programmes primeront sur les discours populistes« , analyse-t-il.

Le populisme, un phénomène qui agace au plus haut point le jeune politicien qui partage ses opinions sur son skyblog. Chokrane Amam a d’ailleurs un avis bien tranché sur la presse électronique sensationnaliste. « Il y a des parasites qui ont envahi le monde de la presse. Plutôt que de tendre vers le dialogue ils cherchent à répandre des rumeurs infondées. C’est dommage ».

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