Mohamed Benhammou: « Interdire les écoles Gülenistes est une décision interne »

Les autorités viennent d’interdire les écoles liées au réseau du prédicateur turc Fethullah Gülen, ennemi juré du président Erdogan. Pour le spécialiste des relations internationales, Mohamed Benhammou, cette décision n’est pas une réponse à une demande d’Ankara.

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Mohammed Benhammou, politologue et président du Centre marocain des études stratégiques (CMES). Crédit: DR

 

Comment comprendre la fermeture des établissements scolaires gülenistes par les autorités marocaines?

Cette décision entre dans le cadre de l’assainissement des espaces éducatifs, dont certains véhiculent des approches idéologiques. Certaines idéologies qui visent malheureusement les jeunes et les enfants. Moi j’inscris cette décision dans un cadre plus global, celui de la réforme des programmes scolaires et ceux de l’éducation islamique.

 

Pourquoi les écoles gülenistes et pas les missions étrangères qui disposent un enseignement laïc par exemple ?

Justement, c’est parce qu’elles disposent un programme laïc, contrairement aux établissements scolaires gülenistes qui sont orientés idéologiquement ou du moins teintés d’une certaine idéologie. Mais ce qu’il faut souligner, c’est que cette mouvance ne pose pas seulement problème au Maroc mais aussi dans d’autres pays.

 

Le timing interpelle. La Turquie avait, il y a quelques mois, demandé officiellement au Maroc de faire la chasse aux gülenistes. Vous ne pensez pas que le Maroc vient de répondre favorablement à une demande formulée par le régime d’Erdogan ?

Non, le régime  turc a ses choix et ses décisions qui sont souverains et internes. Le Maroc a également agit conformément à ses choix internes. Je ne pense pas qu’il s’agisse de plaire ou de faire plaisir au régime turc. Certes, on peut trouver que cette décision va certainement réjouir Ankara car elle va apporter de l’eau à son moulin en ce qui concerne sa lutte contre le mouvement Gülen. Mais ce n’est pas le principal moteur de l’interdiction de ces établissements.

 

Est-ce que l’idéologie véhiculée par le réseau de Fethullah Gülen constitue vraiment une menace pour les Marocains ?

Aujourd’hui ces écoles accueillent  2500 élèves marocains. Le nombre de Marocains qui se sont déplacés en Syrie ou en Irak, même si la mouvance  Daech qui a été leur moteur est différente, est de 1700. Je ne suis pas entrain de faire un parallèle entre les deux mouvances mais c’est juste pour vous dire qu’on ne sait pas l’impact que l’idéologie véhiculée par les Gülenistes pourrait avoir sur les élèves. La question que je me pose, c’est pourquoi on a tardé à prendre cette décision et pourquoi les autorités concernées ont laissé faire jusqu’à présent.

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