Affaire Mouhcine Fikri: Des syndicats se mobilisent en faveur des fonctionnaires arrêtés

Quatre syndicats des fonctionnaires de la pêche maritime défendent les trois personnes soupçonnées dans l'affaire de la mort de Mouhcine Fikri.

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Crédit : Yassine Toumi / TELQUEL

Quatre syndicats des fonctionnaires de la pêche maritime sont montés au front pour défendre les trois fonctionnaires en détention préventive pour « faux en écriture publique » dans le cadre de l’affaire Mouhcine Fikri, grossiste de poissons mort broyé, le 28 octobre, à El Hoceima, par le mécanisme d’une benne à ordure alors qu’il contestait la saisie administrative de sa marchandise.

Après une grève nationale menée le 27 et 28 décembre, voilà que les syndicalistes passent à l’étape supérieure : « Informer l’opinion publique de l’arrestation arbitraire et politique de trois de nos fonctionnaires » nous déclare Abdelhalim Essadiki, membre de la Fédération nationale des pêches maritimes (UMT). Leur objectif : « Sauver » Rachid Regragui, délégué de la Pêche maritime, Mohamed Charaf, chef de service à la délégation de la Pêche maritime, et le médecin chef du service de la médecine vétérinaire, tous poursuivis dans le cadre de cette affaire.

Les syndicalistes vont « écrire à sa Majesté car il est le seul garant de nos droits pour qu’il intervienne en faveur de ces fonctionnaires qui n’ont fait qu’appliquer la loi » estime Abdelhalim Essadiki. Il ajoute : « On va saisir la HACA car il y a eu de nombreuses émissions qui ont été réalisées au sujet de Mouhcine Fikri sans qu’on nous y invite pour défendre notre point de vue ».

Selon le représentant de la Fédération nationale des pêches maritimes, « ces trois fonctionnaires ont agi conformément à la loi ». Essadiki explique que Mouhcine Fikri « a acheté ce poisson au noir. La marchandise a été transportée dans un véhicule non agréé. Quand on ne connaît pas la provenance d’une marchandise, il est normal que le vétérinaire, en concertation avec les autorités, en décide la destruction. Ils n’ont commis aucun acte contraire à la loi », estime-t-il.

Rappelons toutefois que si le dahir de 1973 formant règlement de la pêche maritime atteste de l’infraction commise par le défunt Mouhcine Fikri, la procédure de saisie de poisson serait aussi illégale. Le parquet général a estimé que le procès verbal relatif à la destruction de la marchandise de Fikri est un faux en écriture publique. L’article 25 de la loi 14-08 relative au mareyage spécifie même qu’un délai de huit jours peut être accordé au contrevenant. « Dans un délai ne pouvant excéder huit (8) jours à compter de la réception par le délégué des pêches maritimes de l’original du procès-verbal relatif à la constatation de l’infraction, l’autorité gouvernementale chargée de la pêche maritime peut, sur requête du contrevenant, décider de transiger au nom de l’État moyennant le versement, par ce contrevenant, d’une amende forfaitaire de composition. Dans ce cas, le montant de l’amende de transaction dont ledit contrevenant est redevable doit lui être notifié, par tout moyen faisant preuve de la réception, dans le délai susmentionné ».

Pour sa part, Abdelhalim Essadiki défend la procédure de destruction. « Chaque ville utilise ses propres moyens. Il y a des régions où ils enterrent les marchandises défectueuses, il y a ceux qui les brûlent et, dans le nord, ils les broient. Ça a été déjà fait avant l’incident du Mouhcine Fikri, de la même manière et devant le commissariat ».

En plus des trois fonctionnaires, deux agents d’autorité et de trois employés de la société de nettoyage Pizzorno (le chauffeur et deux éboueurs) sont en détention préventive. Trois autres personnes sont mises en examen en état de liberté provisoire : un contrôleur de Pizzorno et deux associés de Mouhcine Fikri présents le jour de l’incident. « Nous trouvons que c’est injuste d’emprisonner nos fonctionnaires et de laisser les associés du défunt en liberté  » conclut le représentant de la fédération nationale des pêches maritimes.

Du côté du port d’El Hoceima, secoué depuis deux mois par l’incident, rien n’a changé. « La police judiciaire fait son travail, mais il n’y a pas de changement. Rien n’a bougé » regrette Mohamed Benziane, président de l’Association des marins pêcheurs d’Al Hoceima.

  Lire aussi : La liste des entorses à la loi lors de la saisie des poissons de Mouhcine Fikri

 

 

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