Passe d'armes entre la Mauritanie... et Hamid Chabat

Les déclarations de Hamid Chabat sur la « marocanité » de la Mauritanie ont suscité l’ire des responsables mauritaniens. Pourtant, le patron de l’Istiqlal n’en est pas à sa première sortie du genre.

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Hamid Chabat © Yassine Toumi / TELQUEL

Mais quelle mouche a de nouveau piqué Hamid Chabat ? Après avoir revendiqué, il y a quelques années, les terres du Sahara oriental sous domination algérienne, voilà que le patron de l’Istiqlal récidive. Samedi 24 décembre, lors d’un meeting de l’UGTM, syndicat affilié à l’Istiqlal, Hamid Chabat a déclaré que « la Mauritanie est une terre marocaine et que les frontières du Maroc s’étendent de Sebta au nord jusqu’au fleuve Sénégal au sud ». Des propos qui ont aussitôt suscité l’ire du parti présidentiel en Mauritanie, l’Union pour la République. Ce dernier s’est fendu, dimanche 25 décembre, d’un communiqué incendiaire à l’encontre du secrétaire général de l’Istiqlal, estimant que l’atteinte à la souveraineté et à l’indépendance de la Mauritanie « n’est pas la meilleure façon pour traiter les questions et les dossiers épineux et ne mènera pas à la résolution du conflit du Sahara occidental ».

Le communiqué impute les déclarations de Chabat à « la médiocrité politique d’une élite marocaine en faillite qui a enfoncé le Maroc dans l’isolement et dans un contexte de tensions avec tous ses voisins ». Le parti mauritanien s’est même permis de railler les résultats électoraux de l’Istiqlal. « Il n’est pas étonnant que le peuple marocain l’ait désavoué à chaque échéance en dépit de l’influence politique et du pouvoir de l’argent », peut-on lire dans un communiqué que l’agence de presse officielle algérienne, l’APS, n’a pas tardé à relayer. Selon cette dernière, l’UPR «  a appelé tous les dirigeants du parti de l’Istiqlal et l’élite marocaine à présenter des excuses au peuple mauritanien, qui se réserve le droit de répondre convenablement à ces provocations ».

Une vieille revendication

Les propos controversés de Hamid Chabat semblent raviver la surenchère nationaliste du côté mauritanien. « Ceux qui sont familiers avec l’histoire savent que nous sommes le tout, et eux la partie, et que nous sommes les bâtisseurs de Marrakech et les vainqueurs de Sagrajas », indiquait, le ton provocateur, le parti du président Abdelaziz. Face à cette surenchère, le parti de l’Istiqlal a tenté la désescalade. Dans un communiqué publié le 26 décembre sur le site officiel du parti, ce dernier s’est plaint que les propos de Hamid Chabat sur la Mauritanie aient été « sortis de leur contexte ». « Lorsque le parti de l’Istiqlal a évoqué la Mauritanie […] Il l’a fait en employant des réalités historiques et géographiques […], et lorsque le peuple mauritanien frère a choisi de construire un pays indépendant, le parti de l’Istiqlal a accepté cela sans aucune hésitation », poursuit le communiqué de l’Istiqlal.

Les revendications marocaines sur la Mauritanie ne datent pas d’aujourd’hui et ne sont pas l’apanage du leader de l’Istiqlal. De 1961 à 1971, le gouvernement marocain était même doté d’un ministère du Sahara et de la Mauritanie, un poste dont le premier occupant était l’émir Fall ould Omeir, un Marocain d’origine mauritanienne. Selon les paroles prononcées naguère par le roi Mohammed V, « Maroc et Mauritanie ne forment qu’un seul corps, unis par une même religion, parlant le même langage, appartenant à une même famille et pratiquant des traditions communes ».

 

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