Recadrée par la COP22 pour une «publicité mensongère», l’Agence Publics se défend

Ils ont travaillé côte à côte pour préparer la COP22, mais entre le comité de pilotage marocain et l’Agence Publics, entreprise prestataire, chacun tire désormais la couverture à lui.

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© Yassine Toumi / TELQUEL

Passe d’armes entre le comité de pilotage de la COP22 et l’une des entreprises prestataires de l’évènement pour rendre à césar ce qui appartient à césar. Le pôle communication de la COP22 a diffusé le 8 décembre un communiqué cinglant à l’encontre de l’Agence Publics et ESL Agence Publics Maroc ( à ne pas confondre avec l’agence Public’s- ndlr). Ces deux sociétés font partie du consortium — aux côtés de GL Events, Capital Events, Léni et Rahal — qui a remporté l’appel d’offres pour l’aménagement du site de Bab Ighli où s’est déroulée la COP22 du 7 au 18 novembre à Marrakech. La COP leur reproche sans concession le contenu d’un encart publicitaire, rédigé par ESL Agence Publics Maroc, et placé par la régie de PR Média dans les éditions du 1er décembre de L’Économiste et du 2 décembre de TelQuel. « Dans cette “publicité”, l’Agence Publics présente des données inexactes, quand elles ne sont pas tendancieuses, sur “sa contribution au succès de la COP22”, » écrit le communiqué de la COP transmis à la presse.

La publicité publié dans "L'Economiste" du 1er décembre et "TelQuel" le 2 décembre.
La publicité publié dans « L’Economiste » du 1er décembre et « TelQuel » le 2 décembre.

« Ainsi, elle [l’Agence Publics] affirme “avoir élaboré la feuille de route de la COP22 dès 2015”. Ceci est faux. La feuille de route de la COP22 ainsi que l’ensemble des documents stratégiques du Comité de pilotage ont été élaborés par les membres de ce même Comité et leurs équipes, et nulle autre partie extérieure, » poursuit le document. « Le Comité de pilotage de la COP22 assume avec sérieux et responsabilité l’importante mission qui lui a été confiée et ne saurait accepter que l’opinion publique puisse être induite en erreur ou que l’information soit manipulée à quelques fins que ce soit, » lit-on encore.

Le document enfonce le clou : « Par ailleurs, la “publicité” affirme que l’agence Publics et ESL Agence Publics “ont également reçu pour mission de concevoir et organiser la participation des parties prenantes à l’évènement  : conception et réalisation de pavillons, organisation de side events, accompagnement stratégique, communication et relations presse”. […] Il ne saurait y avoir la moindre ambiguïté sur l’organisation de toutes les activités de la zone verte et du Pavillon Maroc au sein de la zone bleue, ni sur la gestion de la communication et de la relation avec la presse pour lesquelles le Comité de pilotage de la COP22 a élaboré sa propre stratégie et l’a mise en œuvre avec ses agences partenaires pour l’accompagnement stratégique, la communication institutionnelle, les relations presse aussi bien au niveau national qu’international, la communication digitale et la réalisation de mini-documentaires. » 

Incompréhension chez l’agence Publics

Gérard Askinazi, directeur d'Agence Publics
Gérard Askinazi, directeur d’Agence Publics

C’est visiblement très touché par ces propos au vitriol que Gérard Askinazi, directeur de l’Agence Publics, nous répond. « Nous étions très heureux de participer à ce projet. Nous avons travaillé d’arrache-pied, donc nous voulions dire notre fierté d’avoir accompagné le Maroc pendant la COP. Dans mon esprit, la réussite de l’événement est clairement celle du Maroc et des Marocains. Il est impensable de dire le contraire, ou de revendiquer une place qui n’est pas la nôtre. Nous sommes implantés au Maroc et nous souhaitons y poursuivre notre développement, » apaise-t-il.

L’Agence Publics se vante-t-elle a tort d’avoir participé à l’élaboration de la « feuille de route » de la COP22 ? « Peut-être que le terme de “feuille de route” n’est pas le bon, mais il a été employé dans des documents de travail lors de nos échanges avec l’équipe de la COP22, » répond Gérard Askinazi. En effet, l’Agence Publics s’est vu confier en 2015, avant que la COP22 ne soit attribuée au Maroc, une étude de préfiguration sur laquelle elle a fait travailler une quinzaine d’experts. C’est ensuite, en 2016, qu’elle a concouru au sein du consortium à l’appel d’offres pour l’aménagement du site de la COP22.

Telquel.ma s’est procuré la table des matières de cette étude de préfiguration adressée au ministère de l’Environnement. Il est effectivement question de « gouvernance et mobilisation », de « budget et financements de la COP22 », d’« organisation de la COP22 » et de « stratégie de communication, stratégie digitale et gestion des enjeux sensibles ».

Alors, simple quiproquo sur la terminologie employée ? « Il s’agissait de fournir des prestations sur une base commerciale aux exposants et organisateurs événements, notamment. Il n’y a donc là aucune “mission“ confiée, » clarifie le communiqué de la COP22.

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