L'hebdomadaire Baboubi revoit sa formule et se lance dans le digital

Après l’échec commercial de l’hebdomadaire satirique Baboubi, son fondateur, Khalid Gueddar, redessine son projet en se lançant sur le Web.

Par

Khalid Gueddar
Le caricaturiste Khalid Gueddar. Crédit : Yassine Toumi.

Fondé en avril 2016 par le caricaturiste Khalid Gueddar, l’hebdomadaire satirique Baboubi ne paraîtra désormais que deux fois par mois avant de se transformer en mensuel BD. Bien que le staff ait revu à la baisse le prix du journal, passé de 8 à 4 dirhams, l’expérience n’a pas abouti. « Peu importe les ventes, les annonceurs nous boudent », regrette le fondateur de Baboubi. Désormais, Khalid Gueddar mise tout sur le digital, « l’avenir de la presse ». Telquel.ma s’est entretenu avec lui.

Telquel.ma : Vous lancez le site satirique Baboubi six mois après avoir lancé l’hebdomadaire. L’expérience satirique déclinée en « papier » a-t-elle échoué ?

Khalid Gueddar : Le papier n’a pas d’avenir. Quand il n’y a pas de publicité, un magazine est condamné à disparaître même si l’ensemble de ses exemplaires sont vendus. La structure des médias papier n’est pas saine puisque la publicité est un handicap. Ils sont contrôlés par certaines parties qui s’intéressent davantage à votre réputation ou aux problèmes que vous avez avec le pouvoir. Baboubi se vend à plus de 3 000 exemplaires mais il n’a pas réussi à attirer la publicité. Un journal qui dessine les politiques ne leur convient pas.

Peut-on en conclure que la presse satirique pas de place au Maroc ?

Bien sûr qu’elle a sa place au Maroc ! Mais surtout sur le Web, à mon avis. Il y a beaucoup de discrimination concernant la publicité dans le digital, car celle-ci obéit surtout à l’audience. D’autre part, l’information est gratuite et plus riche grâce à l’animation et à la vidéo.

Sauf que vous aviez déjà fondé en 2011 un site « Baboubi », qui n’a pas fait long feu non plus…

Au contraire, ça a marché. Nous avions plus de 172 000 visiteurs par jour. Sans sponsoring et sans achat de fans. Ça n’a pas fait long feu puisque nous étions six personnes à y travailler gratuitement. Le contexte est différent maintenant. Il ne reste plus qu’à développer le site et faire preuve de créativité. D’ailleurs, nous nous préparons à lancer une Webtv satirique.

Quelle sera la différence entre le site Web et l’hebdomadaire ? Compteriez-vous garder la même équipe ?

Oui, on va garder la même équipe, en recrutant des techniciens qui vont s’occuper du site. Quant au contenu, il sera bien entendu différent, car le Web exige l’information, le scoop, la rapidité… Tout ce qu’il y a sur les autres sites, avec la satire en prime.

Puisque vous semblez être sûr du succès de Baboubi sur le Web et de l’avenir compromis du « papier », pourquoi tenez-vous à créer un magazine BD mensuel ?

Parce que la BD ne doit jamais mourir. Mon objectif derrière ce projet n’est pas de gagner de l’argent, mais de donner vie à une expérience, que d’autres générations pourront perpétuer. Il faut bien que cela existe.

En 2009, vous avez été condamné à une peine de prison avec sursis pour avoir caricaturé le prince Moulay Ismail. Dans quelle mesure pourriez-vous, aujourd’hui, jongler avec l’esprit subversif qu’exigent la caricature et la nécessité de survivre ?

Pour moi, il n’y a pas de lignes rouges. Ma limite, c’est la loi. Quel article du code de la presse ou du code pénal parle explicitement de lignes rouges ? Le juge vous condamne sur la base d’articles et non sur ce que nous appelons les lignes rouges. C’est avec ça qu’il faut jongler.

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