« Huit mille ! Huit mille voix et on est assuré d’obtenir un siège !». Attablé dans un café du célèbre parc de Mohammedia, Mehdi Mezouari fait ses calculs ce 29 septembre. « À Mohammedia, j’obtiendrai à tout casser 5000 voix. Maintenant, il faudra chercher les 3000 voix qui nous manquent en dehors de la ville », soupire, l’air pensif, le tête de liste USFP dans la circonscription de Mohammedia. C’est que la bataille s’annonce rude dans une circonscription qui ne compte que trois sièges. Derrière un PJD qui part favori grâce à sa tête de liste, l’ancien ministre des Affaires étrangères Saadedine El Otmani, le jeune parlementaire socialiste devra vaincre le redoutable candidat Pamiste, l’homme d’affaire et PDG de Koutoubia Taher Bimezzagh, pour espérer récupérer un siège qui lui permettra de rempiler pour un second mandat au parlement.

Ancien fief de l’USFP

A Derb Marrakech, un quartier populaire situé sur les hauteurs de Mohammedia, Mehdi Mezouari rassemble ses partisans. « On se trouve dans le siège historique de l’USFP à Mohammedia. Ici sont venus des monuments comme Abderrahim Bouabid. Ce siège doit avoir plus de 45 ans », nous explique Mezouari qui n’oublie pas de nous signaler qu’il est lui-même natif de ce quartier. « J’ai poussé mon premier cri ici, et c’est d’ailleurs grâce aux voix de ce quartier que l’USFP a pu remporter sa première présidence du conseil de la ville de Mohammedia, en 1976 », raconte-t-il. Cité plusieurs fois gouvernée par les socialistes, l’ancienne Fedala a, depuis la fin des années 90, tourné le dos à la rose. Pour autant, depuis quelques années, l’USFP a montré une certaine résilience et a su ressusciter dans une ville que l’on croyait définitivement acquise au PJD. Alors qu’en 2011, l’USFP était sorti bredouille des législatives, la liste socialiste aux communales de 2015 a créée la surprise en arrivant deuxième, avec 4500 voix, contre 9000 pour le PJD, faisant ainsi élire 9 conseillers communaux.

« Ould lblad »

A 18h30, les partisans de Mezouari entament leur balade dans les quartiers mitoyens de Derb Marrakech. Devancés par trois grandes affiches électorales tirés par des vélos, les trois candidats USFP et à leur tête Mehdi Mezouari distribuent tracts et flyers aux habitants et commerçants du quartier. « Toi on te connait, t’es un Ould lblad », crie un badaud à l’endroit du jeune député au moment où le deuxième de liste, l’ancienne star du Chabab Mohammedia Driss Bouqentar, le prend par la main pour l’emmener chez un vendeur de poulets de l’autre côté de la rue : « Tu le connais lui ? C’est le fils de Haj Mezouari » lance Bouqentar au commerçant. C’est que l’aura dont bénéficie Mezouari dans cette circonscription vient également du fait que son père, ancien président du conseil de la ville de Mohammedia, avait déjà présidé à la destinée de la cité des fleurs.

Des milliards et du casher

Voila plus d’une heure que la tourné a débuté. Les partisans de Mezouari se crispent au moment où le cortège croise une trentaine de jeunes visiblement turbulents. « Merde… Voilà les awbachs », crie un jeune, « les cashers sont là », lance un autre. L’équipe de Mezouari vient de tomber nez-à-nez face à des jeunes surexcités estampillés PAM. « Ils distribuent des milliards », lance un jeune usfpiste pour qualifier les partisans de son adversaire. Serein, Mezouari se montre confiant : « c’était pareil l’année dernière et on les a battu ». La rencontre entre les deux cortèges a finalement eu lieu sans anicroche. Hagard, un vendeur de cigarettes au détail regarde la scène. « Mon frère. Ce sont tous des voleurs. Rose, tracteur ou je ne sais quoi d’autre. Il n’y a rien à attendre de ces gens-là », lance-t-il, dépité.