Chantage royal: les enregistrements d'Hicham Naciri jugés illégaux

Les deux enregistrements mettant en cause les journalistes Eric Laurent et Catherine Graciet, dans l'affaire dite du chantage royal, ont été jugés illégaux par la plus haute juridiction française.

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Deux journalistes français poursuivis pour tentative de chantage contre Mohammed VI ont marqué un point ce 20 septembre devant la plus haute juridiction française, celle-ci ayant jugé illégale la réalisation de deux enregistrements clé dans cette affaire. Catherine Graciet, 41 ans, et Eric Laurent, 68 ans, sont soupçonnés d’avoir voulu extorquer de l’argent au Maroc en échange de l’abandon d’un livre censé contenir des révélations gênantes pour Rabat.

Les deux journalistes ont été enregistrés à leur insu lors d’entrevues avec Hicham Naciri, avocat du roi. Ils ont été interpellés au sortir d’un entretien, le 27 août 2015, porteurs de 80 000 euros en liquide mais tous deux contestent avoir été à l’initiative d’un chantage, évoquant une transaction qui s’est nouée librement.

Saisie par les journalistes, la Cour de Cassation a estimé que deux enregistrements clandestins des journalistes, réalisés par l’émissaire de Rabat, avaient en réalité été menés avec la « participation indirecte » des enquêteurs français « sans le consentement des intéressés. »

Selon la plus haute juridiction française, cela « porte atteinte aux principes du procès équitable et de la loyauté ». La juridiction a par conséquent renvoyé l’affaire à la chambre de l’instruction.

Me Eric Moutet, avocat de Catherine Graciet, a salué une « grande victoire » et estimé que suite à cette décision il serait « compliqué pour les juges d’instruction de continuer.»

« La Cour de cassation sanctionne la manipulation et le piège mis en oeuvre par les plaignants », c’est-à-dire Rabat, s’est réjoui Me Jérémie Assous, avocat d’Eric Laurent.

Les journalistes ont été enregistrés lors de trois entretiens. Mme Graciet et M. Laurent ne contestent pas le premier enregistrement, en grande partie inaudible, mais les deux suivants, réalisés alors que Hicham Naciri, avait déjà saisi la justice française

Si la loi permet à des particuliers de rassembler des preuves comme bon leur semble, par exemple par des enregistrements clandestins, elle encadre au contraire strictement les enquêteurs.

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