Zakaria Boualem et le film d'horreur

Par Réda Allali

Ça va mal, les amis. Zakaria Boualem a l’impression de se promener dans un film d’horreur des années 1980. Imaginez un peu, une sorte de film de zombie où les gens deviennent fous les uns après les autres, le virus se transmettant par les écrans. Un truc affreux. Une fois qu’elles sont atteintes, les victimes entrent dans une sorte de rage meurtrière incontrôlable et font n’importe quoi. Istanbul, Rouen, Bruxelles, Kaboul, Paris, l’Allemagne, le Nigeria ou les États-Unis… on se fait péter dans un marché, une mosquée, une salle de concert, on sort sa hache dans un train ou un flingue dans une fac et on tape au hasard, on se met au volant et on se lance dans un strike humain. C’est une avalanche de malheurs, voilà où nous en sommes. Ensuite – la connerie se propageant généralement par paquets –, les analystes se pointent et nous abreuvent avec enthousiasme de leurs pénibles conclusions. On a trouvé un coran et une jellaba chez celui-là (imaginez un peu ce que ça signifie), mais l’autre est un fou normal (il ne faut pas confondre), ce type s’est radicalisé en une journée (après avoir mangé du porc toute sa vie) et celui-là est un homosexuel homophobe (ça explique tout bien entendu).

Cette abominable cacophonie cache mal la seule chose dont nous soyons certains, à savoir que nous ne comprenons rien. Au moment où nous avons besoin d’esprits brillants pour nous éclairer, ceux qui se pointent à l’horizon sont au contraire d’ignobles démagogues qui viennent nous proposer des solutions aussi brillantes que la construction de murs, ou l’expulsion pure et simple des musulmans. Zakaria Boualem est à bout. Non pas parce qu’il a peur de se trouver face à face avec ce genre d’illuminés – ce qui doit arriver arrivera –, mais parce qu’il a l’impression de vivre avec eux. Ils sont partout, sur tous les écrans de télé, d’ordinateur et même de téléphone. Notre héros a choisi son quartier, son entourage, ses meubles et ses habits, mais la chose qu’il voit le plus dans sa journée, c’est un écran avec un crétin dessus qui lui plombe sa qualité de vie par la spectaculaire débilité de son propos et de ses actions, abondamment relayés. C’en est trop. En attendant de trouver une solution, il est grand temps de s’intéresser à ce que l’homme produit de meilleur au lieu de se concentrer sur les idiots. Oui, c’est un peu la politique de l’autruche, mais il faut bien se protéger un peu. Arrêtez donc de regarder les écrans et concentrez-vous sur vos proches, essayez de passer plus de temps à vivre qu’à commenter cette vie, et prenez moins de photos, vous en avez déjà trop. Regardez ce qui se passe du côté de la technologie, c’est prodigieux. On va bientôt greffer des lentilles à zoom pour les malvoyants, et des mains bioniques contrôlées par la pensée. Écoutez de la musique, n’importe quelle musique, celle qui vous transporte. Mangez tranquillement, c’est un bonheur récurrent. Et si vous devez regarder la télévision, mettez du sport, c’est souvent très beau. Du basket ou un Grand prix moto, regardez les athlètes s’envoler vers un panier ou se coucher sur un virage. Des gens qui sont dans l’excellence, la vraie, c’est souvent fascinant. Ou des chefs d’œuvre du cinéma, si vous préférez. Allez à la plage, faites-vous des bisous, et plongez dans les vagues…

Évidemment, Zakaria Boualem est parfaitement incapable de respecter les principes pleins de niaiserie qu’il vient d’énumérer sans honte. Mais il ne voit rien qui permette, à court terme, d’endiguer le flot d’angoisse qu’il reçoit en continu. Si vous avez des idées pour sauver la planète, il vous écoute, et merci.