Royaume-Uni : Theresa May nomme le gouvernement du Brexit

À peine investie à la primature britannique, Theresa May forme son gouvernement. La nomination de Boris Johnson aux Affaires étrangères suscite des réactions.

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Theresa May est la deuxième femme Premier ministre du Royaume-Uni. / Crédits : Reuters

Après avoir été officiellement investie le 13 juillet comme nouvelle Première ministre du Royaume-Uni, Theresa May a formé son cabinet. L’ancienne ministre de l’Intérieur, qui prend la place de David Cameron au 10 Downing Street, a créé à cette occasion un nouveau portefeuille, le ministère du Brexit, qu’elle a confié à David Davis, un ancien secrétaire d’État aux Affaires européennes. Amber Rudd devient ministre de l’Intérieur, Michael Fallon préserve son poste de ministre de la Défense alors que Liam Fox a été nommé au poste du ministre du Commerce international. Philip Hammond, l’ex-ministre des Affaires étrangères, a été désigné ministre des Finances. La chef du gouvernement issue du Parti conservateur a créé la surprise en nommant Boris Johnson, le provocateur ancien maire de Londres et figure de la campagne pro-Brexit, aux Affaires étrangères. Un poste-clé dans un gouvernement formé trois semaines après le vote des Britanniques pour sortir de l’Union européenne. L’équipe hérite d’un pays profondément divisé par le Brexit. Sa nomination à la tête de la diplomatie britannique surprend, car le trublion s’est, par le passé, illustré par des sorties pour le moins anti-diplomatiques.

Florilèges des sorties de Johnson

Johnson a remporté au début de l’année un « concours de poèmes insultants » à l’encontre du président turc Erdoğan. Il a estimé, en outre, dans un entretien au Sunday Telegraph que l’Union européenne suivait le chemin d’Adolf Hitler et de Napoléon en tentant de créer un super-État européen. « Napoléon, Hitler, diverses personnes ont essayé de le faire et cela s’est terminé tragiquement », a-t-il asséné.

À la veille de la visite de Barack Obama au Royaume-Uni en avril, Boris Johnson s’est fendu d’un commentaire pour le quotidien The Sun, évoquant la disparition du retrait du buste de Churchill du Bureau ovale à l’arrivée du président en 2009 : « Certains disent que c’était un symbole de l’aversion ancestrale du président, en partie Kényan, pour l’Empire britannique dont Churchill était un fervent défenseur. »

En janvier 2002, dans une chronique pour le Telegraph à propos d’un voyage en Afrique de Tony Blair, alors Premier ministre, Boris Johnson avait écrit : « On dit que la reine en est venue à aimer le Commonwealth en partie parce qu’il lui fournit régulièrement des foules joviales de “piccaninnies” agitant des drapeaux », employant un terme péjoratif à connotation raciste pour désigner les enfants noirs. Il avait également évoqué les « sourires de pastèques » des chefs tribaux, avant de présenter ses excuses… six ans plus tard.

Ses homologues déjà sceptiques

Invité de la radio française Europe 1, le ministre des Affaires étrangères français Jean-Marc Ayrault a dit avoir rencontré le trublion conservateur alors qu’il était maire de Londres et lui maire de Nantes. « Je n’ai pas du tout d’inquiétude à l’égard de Boris Johnson, mais vous savez bien quel est son style, sa méthode, dans la campagne il a beaucoup menti aux Britanniques, et maintenant c’est lui qui est au pied du mur », a-t-il confié.

« Au pied du mur pour défendre son pays, mais au pied du mur aussi pour que cette relation avec l’Europe soit claire », a souligné le ministre des Affaires étrangères. « On a besoin d’un partenaire avec lequel on puisse négocier et qui soit clair, crédible, fiable », a dit Jean-Marc Ayrault. « On ne peut pas laisser cette situation ambiguë, floue, durer, (…) dans l’intérêt des Britanniques eux-mêmes », a-t-il ajouté.

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