Bank Al-Maghrib rassure sur la stabilité financière du Maroc

Le Comité de coordination et de surveillance des risques systémiques s’est réuni le 27 juin au siège de Bank Al-Maghrib à Rabat. L'organe rassure sur la stabilité du système financier du pays.

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Bank Al-Maghrib. Crédit: Yassine Toumi / TelQuel

Le système financier marocain ne court pas de grands risques. C’est ce qui ressort de la troisième réunion tenue le 27 juin 2016 au siège de Bank Al-Maghrib par le Comité de coordination et de surveillance des risques systémiques (CCSRS), chargé d’analyser les risques pesant sur la stabilité du système financier du pays.

Plusieurs constats importants ont été dégagés suite à l’analyse de la situation financière au regard des tendances économiques et financières observées et attendues. « Les risques macro-économiques se sont atténués à la faveur de la réduction des risques émanant des conditions extérieures et de la consolidation budgétaire », précise le communiqué de presse de la banque centrale. Néanmoins, c’est « la morosité de l’activité agricole» qui pourrait affecter négativement le système financier, d’après la même source.

Des mesures à appliquer au sein du système bancaire

Concernant les instituts bancaires,« ils continuent d’être rentables, bien capitalisés et résilients aux stress tests simulant des chocs macro-économiques », souligne l’institut d’émission. Et d’ajouter: « leur position de liquidité s’est améliorée ». Toutefois, certains de leurs résultats restent en baisse avec des « marges d’intermédiation », c’est-à-dire les résultats des banques sur leur activité de prêt qui se resserrent et des coûts élevés du risque de crédit. De plus, l’exposition des banques aux risques des taux d’intérêt est à surveiller dans un contexte où « la croissance des crédits bancaires est, en grande partie, portée par ceux à l’habitat assortis de taux bas ». La contraction des crédits bancaires aux entreprises nécessite, quant à elle, « des mesures de relance à même de soutenir le financement de l’économie et partant de préserver les capacités bénéficiaires des institutions financières ». Enfin, selon une étude portant sur un échantillon de près de 1 700 entreprises non-financières privées et publiques, les délais de paiement des créances inter-entreprises se seraient de nouveaux allongés, en particulier pour les entreprises privées, atteignant des niveaux alarmants pour les TPME (très petites, petites et moyennes entreprises) et certains secteurs d’activité. Le Comité a considéré cette situation comme pesant « lourdement sur les trésoreries des entreprises » et nécessitant « une accélération de la réforme sur les délais de paiement et sa mise en œuvre effective ».

Recapitalisation de certaines entreprises d’assurance

La marge de solvabilité des entreprises d’assurances « en couverture du risque de souscription » est largement supérieure au minimum réglementaire. « Néanmoins, le passage vers un régime prudentiel de solvabilité devrait nécessiter la recapitalisation de certaines d’entres elles » d’après le communiqué de presse. Selon la même source «Les plus-values latentes susceptibles d’être dégagées par les portefeuilles d’actifs de ces institutions ont de nouveau baissé en relation avec la contre-performance du marché boursier ».

« La situation financière du secteur de la retraite continue d’être préoccupante »

Les déséquilibres techniques de certains régimes du secteur de la retraite appellent à la vigilance. « En particulier, le régime des pensions civiles, dont la réforme, a enregistré un retard important, a connu un deuxième déficit en 2015 et pourrait voir ses réserves s’épuiser en 2022 » d’après le CCSRS.

Le financement de l’économie facilité par le marché des capitaux

La contribution des marchés de capitaux aux besoins de financement de l’économie est à souligner, mais reste limitée d’après le CCSRS. « Leur niveau élevé de concentration constitue, de surcroît, un facteur de propagation des risques au sein du système financier appelant, entre autres, à l’aboutissement rapide des réformes prévues pour le développement de ces marchés » indique le communiqué de presse.

Pour rappel, la loi 103-12 relative aux établissements de crédit et organismes assimilés, adoptée en novembre 2014, prévoit la création d’un comité dénommé Comité de coordination et de surveillance des risques systémiques (CCSRS), chargé d’analyser les risques pesant sur la stabilité du système financier et de proposer les mesures appropriées permettant d’atténuer les effets de tels risques. La surveillance macro-prudentielle est, depuis, assurée en grande partie par ledit comité, présidé par le wali de Bank Al-Maghrib (BAM) comprenant la Direction du Trésor et des finances extérieures, l’Autorité chargée du contrôle des entreprises d’assurances et de réassurance, et l’Autorité chargée du contrôle du marché des capitaux. L’objectif de la politique macro-prudentielle est de limiter le risque systémique, c’est-à-dire un dysfonctionnement du système financier dans son ensemble (ou d’une large part de celui-ci), conduisant à une dégradation significative de la capacité du système à assurer ses fonctions fondamentales, l’offre de services financiers, avec des conséquences macro-économiques.

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