Tensions autour de l'agression d'une militante AMDH à Marrakech

Une militante de l'AMDH a été agressée au quartier El Kasbah de Marrakech. L'affaire suscite des tensions entre l'association et la préfecture de police de la ville.

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L’affaire de Sarah, une militante de l’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH), agressée en plein mois du ramadan à Marrakech, fait polémique. Ses agresseurs lui reprochaient sa tenue vestimentaire pendant ramadan. Cette affaire est à l’origine d’un échange vif entre l’ONG et la préfecture de police de Marrakech.

Les faits remontent au 17 juin au quartier El Kasbah de la ville ocre. Vêtue d’un t-shirt et d’un pantalon, Sarah, la vingtaine, sort vers 19h. Elle est accostée par une personne qui la prend à partie en disant : « C’est quoi ces habits que tu portes ? », nous rapporte Omar Arbib, membre de la section locale de l’AMDH. Malmenée, la jeune fille va chercher son mari. La situation s’envenime et le couple se fait agresser par plusieurs personnes du quartier. « Sarah et son mari ont décidé le jour même de porter plainte et la police a convoqué deux personnes identifiées », nous explique la même source. Le jour même de l’agression, la section locale de l’AMDH a publié un communiqué de soutien à la victime. « Nous condamnons la montée du phénomène d’agression de citoyens (…) et la formation de bandes organisées “de la promotion de la vertu et de la prévention du vice” qui incitent à la violence et aux assassinats ». Un abandon de la plainte a été conclu entre le couple plaignant et les présumés agresseurs au poste de police au lendemain de l’incident, nous affirme la même source.

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Cette phrase dans le communiqué de l’association a fait l’objet d’une réaction de la préfecture de police de Marrakech, qui a publié le 19 juin un communiqué. « Certains médias, citant un communiqué attribué à une association, ont publié une information selon laquelle certaines personnes usurpent le rôle des autorités pour appliquer ce qu’ils décrivent comme “la loi de la rue” durant le mois du ramadan. Ils donnent l’exemple de l’agression d’une femme mariée à Marrakech » indique le communiqué. La wilaya rassure en avançant « qu’il n’y a pas de personnes ou groupe de personnes qui font la loi à la place des autorités ». Et note que les deux agresseurs convoqués ont affirmé avoir violenté Sarah et son mari à cause « des comportements provoquant du couple à l’égard des voisins » indique le communiqué.

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Se sentant « visée », l’AMDH répond à son tour le 20 juin aux autorités via un communiqué. « Nous avons été surpris de la réponse de la wilaya de Marrakech qui parle de “comportements provocants”» indique Omar Arbib. Et d’ajouter : « Il est inutile de rappeler que ce type d’expression sort du registre juridique auquel un communiqué devrait s’en tenir ». Selon lui, la réaction des autorités à cette affaire « vise principalement l’AMDH ».

L’affaire de l’agression de la militante vient alimenter les tensions entre l’association et le ministère de l’Intérieur.  Cette association s’est vu interdire plusieurs activités (conférences, congrèscolonies de vacances, etc). Aussi, environ 60 sections de l’AMDH n’ont pas reçu le récépissé de renouvellement de leurs bureaux.

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