The Economist: Mohamed Abdelaziz, un “leader oublié d'une cause perdue”

The Economist revient sur le décès du chef du Polisario et ses répercussions. Sa mort ne changera pas la donne, affirme l'hebdomadaire britannique.

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AFP PHOTO / DOMINIQUE FAGET

Les dix victoires électorales successives de Mohamed Abdelaziz, mort des suites d’une longue maladie le 30 mai, «paraissent aussi crédible que la fictive République arabe sahraouie démocratique qu’il prétendait conduire», écrit l’hebdomadaire international The Economist. Le site du magazine d’actualité hebdomadaire anglais est sans concession : «Même Robert Mugabe du Zimbabwe n’a pas duré aussi longtemps au pouvoir»The Economist commence par rappeler le conflit autour de la question du Sahara:  15 ans de guerre et de guérilla, 25 ans de pourparlers onusiens et 100.000 personnes dans les camps de Tindouf [NDLR : il s’agit d’une estimation, le Polisario refusant un  recensement officiel]. L’article du newsmagazine britannique,  analyse ensuite les conséquences de la mort d’Abdelaziz, «un marxiste de l’ancienne génération» qui a pris les commandes du Polisario à 20 ans, à l’image de Mouammar Kadhafi.  The Economist suggère une position de force du Maroc dans le conflit. «Pour l’Europe, l’assistance du Maroc dans la répression du terrorisme et la migration hors d’Afrique a rendu Le Maroc un allié trop important pour lui faire risquer une épreuve de force sur une cause oubliée. Son économie dynamique et l’intégration des islamistes dans son système politique lui ont valu des éloges, aussi. Et qui voudrait faire revivre l’un des rares conflits latents du Moyen-Orient ?», s’interroge le journal.

De plus, la situation dans les camps est critique, et une reprise des armes ne semble pas d’actualité, à en croire la même source. «La force armée de M. Abdelaziz, le Front Polisario, n’a pas combattu depuis une génération. Ses gens sont dans des camps où la moitié de l’année, la température est supérieure à 50 degrés». Mais si cela pourrait faire espérer un vaste mouvement de retour au pays, ces espoirs peuvent être déçus par une troisième génération « frustrée et animée de ressentiment » estime le journal.  Certains d’entre eux ont «recours à la contrebande de drogues et de carburant, et la ligne de démarcation entre les passeurs et les djihadistes est souvent floue», relate le site du magasine anglais, qui rappelle le précédant de Abu Walid al-sahraoui, «qui a déclaré son allégeance à l’ État islamique (IS), et a menacé d’attaquer l’industrie du tourisme du Maroc, la dernière en Afrique du Nord qui a, jusqu’ici, échappé à ce sort».

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