Daech, Sahara, économie... Bilan de la tournée de Mohammed VI dans le Golfe

La question du Sahara, le conflit yéménite ou encore la lutte contre Daech étaient au cœur des entretiens du roi Mohammed VI avec les dirigeants des pays du Golfe.

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Mohammed VI à Manama. Crédit : MAP

Les premières retombées concrètes de la tournée du roi Mohammed VI dans les pays du Golfe, qui se poursuit toujours à l’écriture de ces lignes à Abou Dhabi, commencent à poindre. Un des pays de la région, le Koweït, a débloqué la somme de 250 millions de dollars au profit du Maroc dans le cadre du fond réservé à Rabat et à d’autres pays arabes par les pays du Conseil de la coopération du Golfe (CCG), selon le journal koweïtien Al Qabs. 

Après le sommet Maroc—Conseil de Coopération du Golfe qui s’est tenu le 20 avril à Riyad en Arabie saoudite,  Mohammed VI a poursuivi sa tournée dans trois autres pays de la région: le Bahreïn, le Qatar et les Émirats arabes unis. «Cette tournée avait pour objectif de raffermir les liens, déjà en place, entre le Maroc et les pays du Golfe. Il s’agit d’une base de soutien mutuel aux niveaux politique,  économique, sécuritaire et militaire» nous explique Jawad El Kerdoudi, président de l’Institut marocain des relations internationales (IMRI). «Elle visait avant tout à tracer les grandes lignes  d’une politique de coopération. La manière dont elle va se déployer sera fixée par les techniciens de chaque pays dans l’avenir» ajoute pour sa part l’économiste Hammad Kassal.

Soutien à la marocanité du Sahara

Sur le plan politique, le Maroc et les pays du CCG ont mis à l’ordre du jour des dossiers brûlants, à l’instar de «la montée en puissance de l’Iran [grand rival chiite des pays du CCG, ndlr] et sa corrélation avec le conflit au Yémen»  indique El Hassan Boukantar, professeur de relations internationales. «Sur ce dossier, le Maroc a réitéré son soutien aux pays du Golfe. Le royaume a, d’ailleurs, participé aux opérations militaires menées par l’Arabie saoudite au Yémen», ajoute El Kerdoudi, rappelant en l’occurrence le soutien iranien aux rebelles Houthis au Yémen. À l’ordre du jour aussi, la question du Sahara. «Là aussi, le soutien des pays du Golfe est indéfectible» ajoute la même source. Le 25 avril, Manama a une nouvelle fois assuré le Maroc de «son soutien dans la défense de [ses] intérêts (…) et de son intégrité territoriale, notamment à la proposition d’autonomie dans les provinces du Sud du royaume» peut-on lire dans une dépêche la MAP, reprenant un communiqué des autorités de l’archipel.

Sur le plan sécuritaire et militaire, les discussions ont tourné autour de la coopération entre le Maroc et les pays du CCG à des fins «d’échanges de renseignement en matière de terrorisme, d’accompagnement et de formation des militaires de ces pays» nous précise El Kerdoudi. El Hassan Boukentar ajoute que la question de lutte contre Daech était aussi au centre des entretiens.

Sur le plan économique, hormis le déblocage des 250 millions de dollars par les pays du CCG, «aucun accord n’a été signé, mais il est important de signaler que pour la période 2015-2024, 120 milliards de dollars seront alloués au Maroc comme prévisions d’investissements dans les énergies renouvelables, le tourisme, le transport et l’agriculture» explique le président de l’IMRI.

Coopération Maroc- CCG ne date pas d’aujourd’hui

Il est à rappeler que l’accord de partenariat stratégique (2011 à 2016) a permis de créer un fonds de cinq milliards de dollars en faveur du Maroc (et de la Jordanie), dans le contexte du printemps arabe. Les pétromonarchies du Golfe avaient, dans un premier temps, invité les deux pays à rejoindre le CCG, mais ces derniers avaient décliné la proposition avec diplomatie. Les pays du Golfe ont alors créé un fonds de soutien aux deux pays, actant un rapprochement par la voie de l’économie.

Cela étant, la coopération entre le Maroc et les monarchies du Golfe date de très longtemps. Au cours des dix dernières années, les échanges commerciaux entre le royaume chérifien et les pays du CCG ont augmenté de 11% en moyenne annuelle, pour atteindre 28,6 milliards de dirhams en 2014, selon le rapport économique et financier 2016, accompagnant le projet de loi de Finances 2016.

Aujourd’hui, l’Arabie saoudite est le premier client du Maroc avec environ 920 millions de dirhams d’exportations, soit  52,4% du total régional, suivie des Émirats arabes unis (EAU), avec 589 millions de dirhams et une part de 33,5%.

Lors de ses visites de “fraternité et de travail” aux “pays frères”, pour reprendre la terminologie officielle, Mohammed VI était accompagné d’une délégation comptant Moulay Rachid, ses conseillers Fouad Ali El Himma, Taïeb Fassi Fihri, Yassir Zenagui et Abdeltif Menouni, ainsi que Mohamed Kettani, chargé d’affaires au Cabinet royal. Le ministre des Affaires étrangères, Salaheddine Mezouar et son ministre délégué Nasser Bourita ont fait aussi partie du voyage. À Manama, le roi s’est entretenu avec le roi du Bahreïn, Hamad Ben Issa Al Khalifa. Et la visite s’est soldée par la signature de trois conventions de coopération bilatérales dans les domaines fiscal, religieux et judiciaire. À Doha, il  s’est entretenu avec  l’émir du Qatar Cheikh Tamim Ben Hamad Al Thani. À Abou Dhabi, le roi a été reçu par Cheikh Mohamed Ben Zayed Al-Nahyane, le prince héritier de l’ Émirat d’Abou Dhabi.

Après cette tournée, Mohammed VI va se diriger vers l’Egypte selon plusieurs sources médiatiques. Mohamed Saâd Alami, l’ambassadeur du Maroc au Caire, a annoncé au site d’information émirati 24.ae que la visite du roi en Egypte est maintenue. Une information confirmée par Le360.

Le pays d’Abdelfattah Sissi s’est, lui, aussi rapproché des pétromonarchies du Golfe, surtout après la destitution de la présidence des Frères musulmans. Le président Sissi a signé avec le roi Salman plusieurs accords d’investissements d’un total de 16 milliards de dollars.

Lire aussi : Les enjeux de la visite de Mohammed VI dans les pays du

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