La légalisation du cannabis divise les politiques

Le débat autour de la légalisation du kif à des fins médicinales après l'appel de Tanger suscite des dissensions entre les différentes formations politiques.

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Crédit: AFP

La légalisation du cannabis est au cœur des débats politiques depuis le 18 janvier. Un débat qui a lieu alors que se tient à l’ONU, le sommet mondial sur la lutte contre la drogue. Des personnalités politiques se sont exprimés publiquement pour faire part de leur appui à la légalisation du cannabis. «J’ai vécu dans une tribu où les gens fumaient tous du kif et tous sont morts à l’âge de 90 ans et plus. Quand je défends la légalisation du cannabis, c’est en connaissance de cause», a déclaré le secrétaire général du PAM Ilyas El Omari lors d’une conférence tenue le 19 avril à l’université Mohammed V de Rabat. Et d’ajouter que «le colloque qui été organisé à Tanger autour de cette question visait en premier lieu à trouver des manière pour lutter contre les drogues». Pour le secrétaire général du PAM, «tous les moyens qui ont été déployés auparavant pour lutter contre ce phénomène ont échoué. Maintenant il faut laisser la place aux spécialistes scientifiques, qui nous diront si oui ou non le cannabis est nocif.» On rappellera que le PAM a déjà déposé une proposition de loi défendant l’utilisation du kif à des fins médicinales, thérapeutiques et industrielles, mais pas récréatives.

Même son de cloche du côté de Nourredine Mediane, président du groupe parlementaire de l’Istiqlal. Le députe a déclaré à la Chambre des représentants que son parti est «pour cette légalisation à des fins thérapeutiques et qu’il est contre la légalisation des drogues dures comme la cocaïne, l’héroïne et les psychotropes qui se vendent à côté des écoles et dans plusieurs lieux». Le parti de la balance a, lui aussi, déjà déposé une proposition de loi similaire à celle du PAM en 2014.

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« Bercer les Marocains d’illusions »

«Alors que le ministère de la Santé peine à mettre en œuvre son programme de lutte contre la drogue, comment allons-nous nous en sortir en légalisant le cannabis ?», s’interroge Abdellah Bouanou, président du groupe parlementaire du PJD, lors d’une intervention à la Chambre des représentants. Et de préciser que «ceux qui sont pour cette légalisation souhaitent, peut-être, droguer les Marocains et de leur vendre de l’illusion.» 

De son côté, le secrétaire général du PPS Nabil Benabdellah estime que «la légalisation du kif ne va pas résoudre les problèmes des marocains.» «Si ce débat était saint et franc, construit sur des bases objectives, nous aurions pu y contribuer. Qui va en profiter ? Les grands barons de drogue du haschisch, et les gens qui ont entassé des fortunes, et qui financent peut-être par leur argent des partis politiques», fait savoir le ministre de l’Habitat sur les ondes de la radio Chada FM.

Sur l’argument thérapeutique qu’utilisent des partis politiques Benabdellah explique qu’en «Israël, on cultive légalement, mais dans des serres couvertes bien déterminées, d’une dizaine d’Hectares, sous la direction du ministère d’agriculture». Le ministre doute que «le Maroc cultivera tout le Rif en kif pour en faire des médicaments». 

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