Un Marocain à l'assaut du marché chinois

Un cabinet dédie son activité à conseiller les Marocains qui veulent investir en Chine et à l’inverse, les investisseurs chinois tentés par le Maroc. Son fondateur nous livre quelques clés pour mieux comprendre la culture des affaires en Chine.

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Tarik Bennouna, co-fondateur de MIM Consulting. Crédit : Yassine Toumi.

Lancé en 2014, MIM Consulting est un cabinet de conseil marocain spécialisé dans les opportunités d’affaires sino-marocaines (commerce ou investissements). L’idée est venue de l’envie de promouvoir les produits du terroir marocain. Et pour cause : pour le moment, ces produits sont quasiment les seuls « Made in Morocco » à séduire le marché chinois. « Naturellement, les produits phares sont l’huile d’olive, les oranges marocaines, ainsi que les produits à base d’argan qui ont déjà une légitimité à l’international », constate Tarik Bennouna cofondateur du cabinet, qui voit également des opportunités d’affaires dans les tissus d’ameublement. Il a d’abord pensé au marché africain, puis a finalement choisi la Chine, où il passe la moitié de son année. Le bureau chinois, composé de locaux, est dirigé par un Marocain qui vit là-bas depuis une dizaine d’années. 

Hormis les produits du terroir marocain, la concurrence est rude pour se tailler la part du lion dans ce marché de plus de 1,3 milliard d’habitants. « Il y a une vraie « bataille d’origine » et là-dessus, le Maroc a beaucoup de travail à faire. Créer un label Maroc est une condition sinequanone pour garantir des échanges commerciaux réguliers et sur le long terme. Du Maroc, les Chinois ne connaissent que Marrakech et le film Casablanca », nous raconte le businessman marocain, qui n’a en tête aucun nom d’entreprise marocaine effectivement installée en Chine. Pour le moment, le Maroc  est seulement le 10ème partenaire économique africain de l’Empire du Milieu. « Les chiffres ne sont pas bons mais le Maroc dispose de nombreux atouts pour les améliorer », affirme, très optimiste, Tarik Bennouna.

En plus de conseiller les Marocains tentés par le marché chinois (de la prise de contact jusqu’à la concrétisation de la commande) et de promouvoir les produits marocains sur place (organisation de foires…), le cabinet incite également les entreprises chinoises à investir ou vendre au Maroc. Une tendance plus importante puisque les exportations chinoises vers le Maroc sont de 29,5 milliards de dirhams en 2015 contre des exportations marocaines en Chine ne dépassant pas les 2,3 milliards de dirhams. Dans ce cas-là, Tarik Bennouna cible essentiellement les industriels qui ont déjà eu une expérience à l’étranger, hors Asie. Les industries aéronautiques et automobiles vont pouvoir attirer des sous-traitants chinois, il en est convaincu. « Ils veulent venir voir, nous sommes désormais sur la carte mondiale ». D’après le fondateur de MIM Consulting, qui refuse de nous donner des noms, plusieurs entreprises l’auraient déjà sollicité sur la question. Tout comme pour la COP22. Atout du Maroc : la présence de deux banques chinoises sur le territoire et de BMCE à Pékin.

Lire aussi : Chine – Maroc: passer du commerce à l’investissement

Culture: les faux-pas à ne pas commettre
La culture chinoise est à bien des égards différente de la culture marocaine. « Elle est basée sur des codes différents des nôtres. Il est facile d’aller à leur encontre sans le vouloir », nous explique Tarik Bennouna. C’est pour cela que son cabinet, en plus des activités classiques du conseil (étude de marché, organisation de rendez-vous..), propose des séances de coaching aux Marocains. Règle numéro 1 : la ponctualité. Pour les Chinois, il s’agit d’une preuve de respect.Règle numéro 2 : l’interface. Si un homme d’affaires marocain rencontre un businessman chinois, il s’agira de son strict homologue, autrement dit, de quelqu’un du même niveau hiérarchique que lui, ni plus, ni moins. Alors, il ne faut pas envoyer au dernier moment une autre personne que prévue au rendez-vous. Tarik Bennouna se rappelle de « petits couacs » qui ont fait avorter la signature d’un contrat.

Règle numéro 3 : le code Guanxi, ou « réseau ». Pour être reçu, il faut être introduit par quelqu’un. Il s’agit d’une sorte de caution. « Ce n’est pas comme à la Marocaine. Si on conseille tel contact auprès de quelqu’un, on met en jeu sa réputation », nous explique Tarik Bennouna.

Règle numéro 4 : le cadeau. Lors du rendez-vous, amenez un petit cadeau.

Règle numéro 5 : la carte de visite. Vous devez donner votre carte de visite avec vos deux mains. Quand on vous en tend une, ne la mettez pas immédiatement dans votre poche. Mieux vaut la lire attentivement (pour montrer son intérêt), puis la déposer délicatement sur la table, et la laisser visible durant toute la rencontre. Insulte suprême : marcher dessus, même par inadvertance. Tarik Bennouna parle en connaissance de cause…[/encadre]

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