Les journalistes soupçonnés de chantage au roi du Maroc font condamner Le JDD

Le Journal du Dimanche a été condamné mercredi pour atteinte à la présomption d'innocence à verser un euro de dommages et intérêts aux journalistes Catherine Graciet et Eric Laurent, mis en examen pour chantage et extorsion à l'encontre du roi du Maroc, selon un jugement consulté par l'AFP.

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Les journalistes Eric Laurent et Catherine Graciet.

En cause, Le JDD du 30 août dernier, qui évoquait un « enregistrement accablant » et expliquait « comment les deux journalistes ont fait chanter le roi » Mohammed VI.

L’article du Journal du dimanche « ne laisse planer aucun doute dans l’esprit du lecteur sur la culpabilité des journalistes« , a jugé la 17e chambre civile du tribunal de grande instance de Paris, qui souligne que l’auteur de l’article ne formule « aucune réserve » quant « à l’attitude et aux déclarations des représentants du royaume du Maroc.

En outre, « si l’auteur prend soin, apparemment, de présenter les explications et réactions des avocats » des journalistes, « ce procédé n’est pas non plus de nature à modifier la perception des lecteurs« , leurs arguments « apparaissant plus comme des positions de principe purement conservatoires que comme éléments susceptibles de contrebalancer des preuves, pour certaines présentées comme accablantes et donc quasi-irréfutables« .

Catherine Graciet et Eric Laurent demandaient chacun 30.000 euros de dommages et intérêts, et des mesures de publications judiciaires. Pour évaluer le préjudice et leur allouer un euro de dommages et intérêts (et 1.500 euros pour les frais de justice) le tribunal a tenu compte du fait que Le JDD a par la suite, sur son site internet, relayé leurs « explications et réfutations« .

« La presse ne peut pas s’accaparer le droit de juger« , ont réagi les conseils d’Eric Laurent, Mes Léa Forestier et Vincent Brengarth, pour lesquels « l’enquête est bien plus compliquée que ce qu’a bien voulu en dire Le JDD« .

Dans cette affaire où Catherine Graciet et Eric Laurent sont soupçonnés d’avoir monnayé l’abandon d’un livre censé contenir des révélations gênantes pour Rabat, Le JDD avait retranscrit un échange, censé avoir eu lieu entre Eric Laurent et un avocat du royaume, enregistré par ce dernier:

« Vous voulez quoi? demande l’avocat.

– Je veux trois.

– Trois quoi, trois mille?, interroge l’avocat.

– Non, trois millions.

– Trois millions de dirhams?

– Non, trois millions d’euros. »

Sauf que ces termes « ne figurent absolument pas dans le dossier pénal », avait indiqué à l’audience Me Brengarth, soulignant que la retranscription officielle décrit certains passages comme inaudibles.

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