Ta vie en l'air. Bonne année!

Par Fatym Layachi

Ça y est, l’année se termine enfin! La période des vœux, des souhaits pleins de bons sentiments et des grands espoirs pour ses voisins et l’humanité a commencé. Alors on se souhaite quoi cette année? Comme tous les ans, le bonheur, l’amour, la prospérité, la fortune, la sérénité. Et la santé surtout, hein? Oui la santé surtout! Ça a été long tout de même ces derniers 365 jours. Et puis, il s’en est passé des choses. Et pas mal d’horreurs aussi! Alors comme tous les ans, tu as hâte que ça se termine. Vivement qu’une nouvelle année commence, de nouvelles énergies, un nouveau cycle. Ce sera forcément mieux après. Du moins c’est ce qu’on se dit. Il faut bien espérer. Il faut bien trinquer à quelque chose. Il faut bien fêter ça.

Parce que oui, apparemment la bienséance de la vie en société dicte qu’il se doit de fêter une année qui débute. Tu feras quoi toi pour passer en 2016? Tu tiendras les cheveux d’une copine qui vomit ses excès, tu riras sans la moindre conviction ou tu pleureras tes regrets. Rien de très glorieux en somme. Un 31 décembre assez banal avec son lot de cotillons faussement festifs, de repas indigestes et de têtes qui tournent. Alors en attendant ce grand jubilé, tu regardes en arrière. Les bilans sont de saison. Même Facebook te propose de faire la rétrospective de l’année en quelques photos. Uniquement les plus belles, les plus likées. Uniquement les beaux souvenirs. Ceux que tu as partagés après les avoir presque mis en scène.

Et pourtant tout n’a pas été si beau. Rien n’est jamais si beau, ni dans une année ni même dans une journée. Mais dans le monde qui doit rester enchanté des réseaux sociaux, il faut vendre du rêve, quitte à en fabriquer. Il faut porter la bonne tenue, se parer du bon sourire et aller au bon endroit. On doit réussir les plats qu’on prépare, les sourires que l’on fait, les soirées qu’on organise. Il faut poster des photos incroyables d’un week-end fabuleux. Et peu importe si, en vrai, tu as dîné avec des gens insupportables ou passé un week-end de merde; la seule chose qui compte c’est que tu l’aies bien mis en valeur avec les bons filtres Instagram.

Toi, quand tu regardes ton année, bien sûr qu’il y a des sourires, de la joie, des paillettes. Des fêtes somptueuses certains soirs, quelques paires de chaussures vertigineuses. Mais il y a aussi des doutes, des colères, des regrets, des larmes, des blessures. Des cicatrices aussi. Sur ton bras droit en essayant de faire des lasagnes et en ne réussissant qu’à les brûler, et ton bras avec. Et sur ton cœur en essayant de ne pas penser à Lui. Tu as dansé et chanté trop fort pour que ça ait l’air sincère en te trémoussant sur Uptown Funk de Bruno Mars. Tu as été nostalgique en écoutant Adele qui a réussi à te faire croire que le désespoir ce n’est pas totalement désespérant. Et puis forcément, tu as pleuré en écoutant les voix de Barbara et Fayrouz qui t’ont rappelé que ton désespoir est totalement désespérant! Tu as rêvé aussi.

Tu as imaginé de grands voyages que tu ne feras peut-être jamais et fait des listes interminables de choses tellement importantes que tu les as oubliées. Tu as été triste et en colère en voyant les barbes gagner les urnes et les cervelles. Tu as ri, tu as pleuré, tu as vécu. Tu t’es délavée tous les jours. Tu as douté de tout, prête à croire presque n’importe quoi. Il y a eu alors des soirées que tu as racontées sur Instagram et celles que tu as regrettées le lendemain. C’était une année comme toutes les autres finalement, avec ses hauts et ses bas. Et pour la prochaine, bien sûr, tu souhaites la prospérité, le bonheur, la fortune, l’amour, la félicité et la santé surtout! Avec un petit supplément sérénité, ça ne serait pas de refus.