1995: le Maroc d’il y a vingt ans

Habitudes de consommation, culture, pratiques religieuses, alphabétisation: en vingt ans, le Maroc s’est transformé. Flash back.

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Telquel.ma décide d’emprunter la machine à remonter le temps pour vous décrire le Maroc des années 1990.

La Renault 19 carburait / La Logan, très vendue

Aujourd’hui, la Logan de Dacia (filiale de Renault) est l’un des modèles de voiture les plus achetés. En 1995, la marque au losange semble déjà l’une des favorites des Marocains, et l’automobiliste français n’hésite pas à adapter clairement sa publicité au marché national, comme en témoignage cette vidéo. A l’époque, c’est la Renault 19 qui est très vendue. A côté d’elle, l’italienne Fiat Uno est aussi très répandue. En 1994, la consommation d’essence pour se déplacer par habitant était de 47 kilos par habitant par an, contre 123 aujourd’hui.

 

Avoir un téléphone fixe était un luxe / Plus de portables que d’habitants

Dans les années 1990, tous les logements n’avaient pas une ligne de téléphone fixe, y compris à la ville. Même à Casablanca, certains quartiers de Casablanca en étaient dépourvus. En 1999, on dénombrait 1,5 million d’abonnés à une ligne fixe. Et bien sûr, du fait des arrondis, d’après la Banque mondiale, le nombre d’abonnés à la téléphonie mobile était de zéro pour 100 habitants en 1994, contre… 132 abonnés pour 100 habitants aujourd’hui !

4 Marocains sur 100 s’expatriaient / 12 Marocains sur 100 vivent à l’étranger

Le ministère des Affaires étrangères estiment à 4,2 millions le nombre de Marocains résidents à l’étranger (MRE). En 1992, ils n’étaient que 1,2 million en Europe de l’ouest (aucune statistique marocaine n’existe). Rapporté au nombre de Marocains total, qui a largement augmenté, on peut dire qu’au début des années 1990, quatre Marocains sur 1 000 vivaient hors du royaume, contre plus de 12 maintenant.

Il y avait plus d’analphabètes que de lettrés / Moins d’analphabètes mais une qualité d’enseignement critiquée

En 1994, 42 % des adultes étaient alphabètes. Aujourd’hui, d’après les derniers chiffres (2011), 67 % des Marocains de plus de 15 ans le sont. En 1994, 68 990 élèves ont obtenu le baccalauréat, contre plus de 223 000 en 2015. Mais la qualité de l’enseignement est toujours critiquée. Le pays est classé parmi les pires pays en matière d’éducation par l’Unesco et notre système, reposant majoritairement sur l’enseignement privé, est même cité en exemple à ne pas suivre par l’Onu. Nos responsables ont conscience de cette situation catastrophique : récemment, le ministre de l’enseignement avait même qualifié l’école marocaine de « sous-développée » et un énième plan d’urgence est en marche.

Le pays comptait 191 salles de cinéma / Plus que 26 grands écrans aujourd’hui

En 1994, 191 salles de cinéma était ouvertes dans le pays, contre seulement 26 aujourd’hui. Le nombre a commencé à diminuer à partir de 1971. Inévitablement, le nombre d’entrées annuelles a aussi chuté, passant de 19 millions il y a vingt ans à 1,8 million maintenant. En 1993, A la recherche du mari de ma femme fait un carton. A l’époque, on censure encore les scènes d’amour au cinéma, comme cela a été le cas pour Titanic par exemple. Aujourd’hui, la censure est toujours là et grâce à elle, en  2015, c’est Much loved qui aura fait parler, après Exodus l’année précédente.

a la recherche

Le Jaguar trônait sur les tables d’école / Des élèves expérimentent les tablettes

Mais si, souvenez-vous, si vous étiez écolier dans les années 1990, vous avez forcément écrit vos leçons sur un cahier Jaguar, dont la quatrième de couverture était recouverte des tables de multiplication. Maintenant, le célèbre cahier a disparu des bureaux. Aujourd’hui, des écoles pilotes proposent même aux élèves de travailler sur tablette.

En 1995, on se casait plus !

Si l’on s’attarde sur les recensements du HCP, l’évolution du pourcentage de célibataires est surprenante. Parmi les femmes de plus de 15 ans par exemple, elles étaient 32 % en 1994 contre 34 % en 2004 mais d’après le dernier recensement de 2014, elles seraient 28,9 %. Le taux de « célibat définitif » (les plus de 55 ans) est maintenant de presque 6 %. En revanche, les Marocains font beaucoup moins d’enfants. En 1994, les femmes avaient en moyenne 3,28 enfants, contre 2,2 en 2014, toujours d’après le HCP.

Seulement la moitié de la population vivait à la ville

En 1995, le taux d’urbanisation était de 51,3 %. Trois ans auparavant, le nombre d’habitants à la ville venait de dépasser celui des Marocains installés à la campagne. Aujourd’hui, environ 60 % des habitants vivent en zone urbaine.

Les publicités Aïcha font sourire en 1994 / … et n’ont (presque) pas changé aujourd’hui

En vingt ans, une chose n’a pas changé : les publicités pour la confiture Aïcha, qui gardent le même modèle, les mêmes airs et presque les mêmes dessins.

PIB / habitant

La pauvreté recule, le revenu moyen augmente. Et même si l’indicateur ne reflète pas la richesse des ménages, le PIB/habitant était de 1 356 dollars en 1995 contre près de trois fois plus aujourd’hui : 3 190 dollars en 2014.

Une poignée de femmes chefs d’entreprise / 10 % des entrepreneurs sont des femmes

Les derniers chiffres précis de l’Association des femmes chefs d’entreprise du Maroc datent de 2004. Cette année là, on recensait 5 000 femmes chefs d’entreprise. D’après les estimations que l’association nous donne, le Maroc compterait entre 12 000 et 15 000 femmes entrepreneurs aujourd’hui, soit 10 % du nombre total des entrepreneurs. Des chiffres tristes qui sont malgré tout encourageants puisque, toujours d’après les estimations de l’association et par extrapolation, le pays comptait une poignée de femmes chefs d’entreprise dans les années 1990 : moins de 1 000.

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