El Khamlichi : "L'héritage ne doit pas obéir à une fatwa ou un avis de personnes"

Pour le directeur de Dar al hadith al hassani, la question de l'héritage doit être débattue tout en se référant à la Constitution.

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Ahmed El Khamlichi. Crédit : DR

Le directeur de Dar al hadith al hassani Ahmed El Khamlichi revient sur la polémique concernant la question de l’égalité dans l’héritage. Un avis qui a été proposé le 20 octobre par le CNDH et qui a été vivement soutenu par certains et critiqué, voire vilipendé par d’autres.

Khamlichi, lui, propose un dialogue entre les différents partis dans le respect de la constitution. Le texte précise que, pour certains, l’héritage peut faire objet de rente, et appelle à le repenser pour qu’il ne le soit plus.

Selon ce qui a été rapporté par des médias concernant votre intervention sur l’héritage, vous avez affirmé que l’héritage ne doit pas être considéré  comme une rente. Vous êtes-vous basé sur le droit français qui laisse la liberté à celui qui lègue son testament de choisir qui il veut?

Lors de mon intervention dans cette conférence, j’ai déclaré à plusieurs reprises que je ne voulais pas donner mon point de vue sur ce sujet. Ce que j’ai par contre affirmé, c’est qu’il faut qu’il y ait une discussion calme autour de la question de l’héritage entre les différentes parties pour arriver à des solutions qui vont dans le sens de l’unité nationale. J’ai par la suite indiqué que la véracité des opinions provient essentiellement de la fonction sociale de la propriété; le principe de rente de l’héritage auquel procèdent certains et la liberté, pour la personne qui a hérité, de se servir de son héritage comme il le souhaite.

Concernant le droit français, je l’ai cité pour définir la question de la parité. Il est vrai que la loi française a adopté le principe de l’égalité. Toutefois, elle ne l’a jamais obligé par force et celui qui lègue a le droit de décider ce qu’il veut.

Le contexte actuel ne permet-il pas d’exiger la parité en réformant la loi ?

Tous les religieux qui débattent autour de ce décalage entre les hommes et les femmes en matière d’héritage justifient leurs points de vue par les charges que supportent les premiers. Toutefois, les femmes participent actuellement à ces dépenses et le dernier recensement indique que plus d’un million de familles sont entretenues pas des femmes. A quel point la règle qui stipule que le jugement doit être maintenu avec sa carence ?

Pour ceux qui souhaitent que la parité soit appliquée par force de loi, je leur dis : cette demande est basée sur le principe de l’égalité sur lequel nous sommes d’accord. Est-ce que ce principe comporte un caractère impératif ? Comme je l’ai déjà dit, même la loi française ne l’a pas obligé. Elle permet à la personne qui va léguer d’émettre un testament dans les limites du tiers s’il a deux fils et dans les limites du un quart s’il a trois fils et plus.

Quels sont les points sur lesquels il peut y avoir de l’ijtihad?

Tout ce que je dis est juste un point de vue personnel. La charia est au-delà des personnifications. Le coran dit : « ils se consultent entre eux à propos de leurs affaires ». C’est pour cela que la question de l’ijtihad ou non à propos de l’héritage doit être la propriété de tous les Marocains à travers leurs institutions constitutionnelles et de décider des choses sur lesquelles ils sont en conflit de manière transparente en se référant à la constitution. Et non pas en fonction d’une fatwa d’un tel ou un avis d’un tel.

 

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