Zineb El Rhazoui, islamophobe décomplexée?

Depuis les attentats de Paris, Zineb El Rhazoui défile sur les plateaux de télévision français et y tient un discours considéré “islamophobe” par certains, “courageux” par d’autres. Mais qui est donc cette marocaine, présentée comme une experte de l’islamisation de la société française?

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Il faudrait que nous arrêtions d’accepter que ces pleurnichards de la stigmatisation derrière leurs burqas ou leurs barbes nous imposent leur standard radicalisé comme étant le standard de toute une identité dans ce pays”. Ainsi s’exprimait Zineb El Rhazoui sur RMC, station radio de la chaîne d’information en continu BFM TV, dimanche 15 novembre. Régulièrement invitée à réagir sur les attentats simultanés survenus à Paris, celle que les médias français présentent comme “une militante des droits de l’homme” rejette d’emblée la responsabilité sur l’islamisation de la société française. “Il faut lire les textes. Il faut admettre qu’il y a des textes qui appellent clairement au meurtre” réitère la jeune femme dans l’émission le Grand 8 de la chaîne D8, avant d’ajouter que “Tout musulman n’est pas terroriste, mais tous les terroristes de vendredi soir étaient musulmans”. Sur les réseaux sociaux, ses prises de positions sont contestées par certains, mais vivement saluées par d’autres qui la qualifient de “courageuse” et “lucide”. “ Ses propos peuvent sembler extrêmement durs et radicaux, et risque d’être mal compris au Maroc. Mais il ne faut pas les dissocier de l’environnement dans lequel elle a baigné. Son discours est celui d’une personne meurtrie par les attentats de Charlie hebdo, un drame qui l’a profondément touché”, la défend Ali Amar, son ancien collègue.

 Ecrire pour dénoncer

Jusqu’aux attentats survenus à Charlie Hebdo le 7 janvier dernier, Zineb El Rhazoui n’était connue que d’une poignée de journalistes marocains, notamment lorsqu’elle collaborait au Journal Hebdo. Ses sujets de prédilections? Les libertés individuelles et des droits de l’homme qu’elle se plait à défendre avec un ton vif et des mots acerbes. Mais c’est sur le terrain qu’elle affirme ses prises de position. Elle co-fonde en 2009 le mouvement alternatif pour les libertés individuelles (MALI), rendu célèbre à la suite d’un pique-nique de dé-jeûneurs organisé pendant le Ramadan afin de dénoncer l’obligation légale de jeûner pendant le ramadan sous peine de prison. En 2010, Zineb El Rhazoui demande l’asile en Slovénie – dans le cadre du programme International cities of refuge network – où elle rejoint le journaliste Ali Amar. Son séjour s’avère être de courte durée et elle décide de s’installer en France où elle devient porte-parole du mouvement féministe “ni putes ni soumises”. Elle revient ensuite à ses premières amours et intègre la rédaction de Charlie Hebdo.

 L’après Charlie

Le jour des attentats de Charlie hebdo, Zineb El Rhazoui se trouve au Maroc et échappe à la fusillade qui a emporté des membres de sa rédaction. De retour à Paris, elle réagit sur les médias français et s’accapare la frustration de ses collègues restés en vie. “ Pour Zineb, ce fût le déclic, ce qu’elle appelle “une clarification dans son esprit”. Au Maroc, elle n’a cessé de militer pour les droits de l’homme et les libertés individuelles, avant d’être déçue par l’évolution du champ politique et de décider de quitter le pays. Son indignation contre la violence est la suite du cheminement d’un ensemble de choses”, précise Ali Amar. Pourtant, ses prises de positions ne lui permettent pas d’être dans les bonnes grâces de la direction de Charlie Hebdo. Quelques mois après les attentats, Zineb El Rhazoui reçoit un courrier de la direction, la convoquant à un entretien préalable à un licenciement pour faute grave. Elle est d’abord mise à pied, avant d’être maintenue à son poste. Mais elle n’est toujours pas à l’abri des ennuis. Sur Twitter, la journaliste et son époux, Jaouad Benaissi, sont menacés de mort. Les menaces sont accompagnées de leurs photos, ainsi que de l’adresse du domicile et du bureau de son époux à Casablanca. Elle bénéficie depuis d’une protection policière renforcée.

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