Sonita Alizadeh, l’Afghane qui rappe contre le mariage forcé

Sonita Alizadeh a failli être mariée de force à deux reprises, à 10 et 16 ans, mais le rap et Youtube l’ont sauvée.

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Capture d'écran de sa vidéo postée sur Youtube.

Elle a échappé à deux reprises au mariage que voulaient lui imposer ses parents. Sonita Alizadeh a choisi la chanson pour se défendre. Son clip de rap publié en 2014 a comptabilisé plus de 180 000 vues sur Youtube, ce qui lui a permis de faire changer d’avis ses parents. L’Afghane âgée maintenant de 18 ans a pu savourer sa revanche en étant l’invitée d’honneur du dernier sommet annuel de l’association Women in the world, organisé en partenariat avec le New York Times, à Londres les 8 et 9 octobre dernier.

En mai 2015, elle expliquait à la BBC qu’elle avait 10 ans lorsque sa mère a voulu la marier de force pour la première fois. La petite fille s’est alors échappée. Sa mère l’a contactée six ans plus tard pour la marier pour obtenir l’argent nécessaire au paiement de la dote du mariage de son frère. « Je ne pouvais plus respirer, je ne pouvais plus parler. Mon cœur était brisé. C’était trop dur d’imaginer être mariée à quelqu’un que je ne connaissais pas », a-t-elle raconté lors du sommet tenu à Londres. C’est à ce moment, désespérée, qu’elle a écrit, chanté et tourné le clip « Brides on sales » (« Mariées à vendre », en français).

Dans cette vidéo, on la voit un code barre dessiné sur le front rapper :

Laisse-moi hurler. Je n’en peux plus de ce silence. Ote tes mains de mon corps. Je hurle pour combler le silence des femmes. Je crie pour un corps épuisé et enfermé dans sa cage.

Vêtue d’une robe de mariée, elle continue :

Comme toutes les autres femmes, je suis en cage. On me considère comme une brebis qui a grandi seulement pour être dévorée. Ils me répètent qu’il est temps de me vendre. Je suis une personne également. Peut-être que s’échapper ou se suicider est une chose stupide. Mais que faire lorsque personne ne nous soutient ? (…)  J’espère que vous réviserez le Coran, j’espère que vous saurez qu’il ne dit pas que les femmes sont à vendre.

Quand sa mère l’a entendue, elle s’est rétractée. Cette vidéo lui a aussi permis d’obtenir une bourse pour étudier la musique aux Etats-Unis, où elle vit désormais. Lors de son intervention au Women in the world summit, la rappeuse a réaffirmé son souhait de retourner un jour dans son pays pour faire avancer la cause des femmes. En novembre prochain, un documentaire qui lui est entièrement consacré ouvrira le Festival IDFA à Amsterdam.

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