Une association française porte plainte contre Maroc Hebdo pour provocation à la haine

Une association française de lutte contre l’homophobie a décidé de porter plainte contre l’hebdomadaire Maroc Hebdo, après la parution, il y a plus de deux mois de leur une choc « Faut-il brûler les homos ? »

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Couverture Maroc Hebdo

L’association Mousse, luttant contre les discriminations et les provocations à la haine de personnes à raison de leur orientation sexuelle, a décidé de porter plainte contre le directeur de publication du journal Maroc Hebdo, Mohamed Selhami, suite à la parution du numéro « Faut-il brûler les Homos » du 12 juin dernier. La procédure, précise l’avocat de l’association, Maitre Étienne Deshoulières, concerne la publication française du journal Maroc Hebdo, publiée et distribuée par une société française, et non la publication marocaine. À noter que cette dernière avait été retirée des kiosques quelques jours après sa publication.

Selon le texte de la plainte, que le site web Slate.fr s’est procuré, l’association Mousse a porté plainte pour provocation à la haine et à la violence :

«Le délit de provocation à la haine ou à la violence à l’égard d’un groupe de personnes à raison de leur orientation sexuelle suppose que les propos incriminés comportent une exhortation ou une incitation explicite à commettre des actes de violence ou à concevoir des sentiments de haine à l’égard dudit groupe. En l’espèce, le titre “Faut-il brûler les homos?” implique que cette question puisse faire l’objet d’un débat et d’une réponse positive. Cette interrogation légitime ainsi l’opinion selon laquelle les homosexuels devraient être brûlés du simple fait de leur orientation sexuelle. Elle contribue ainsi à entretenir un sentiment de haine, voire incite à commettre des actes de violence, à l’encontre des homosexuels.»

Le journal Maroc Hebdo avait présenté ses excuses suite au tollé qu’avait provoqué son numéro du 12 juin, en expliquant qu’il voulait avant tout « créer un débat » autour de la question de l’homosexualité. Ces explications n’ont semble-t-il pas convaincu l’association Mousse. Si le procureur choisit de ne pas poursuivre la plainte, l’association pourrait se constituer partie civile, et pousser l’action en justice sur un autre front. Seulement, la procédure civile contraint cette même association, constituée exclusivement de jeunes bénévoles à verser une somme de 500 à 1500 euros qu’il faut mettre entre les mains de la justice, le temps du procès, comme nous l’explique son avocat.

Joint par téléphone, Étienne Deshoulières, insiste sur l’effet dévastateur que peut avoir une telle publication « Les jeunes homos se suicident sept fois plus que les jeunes hétéros. Imaginez l’effet que peut avoir une telle publication auprès des plus fragiles.» 

L’avocat tient à rappeler que l’association Mousse, qu’il représente, combat l’homophobie «quelle qu’en soit l’origine» et souhaite surtout éviter tout amalgame entre des journalistes mal intentionnés et les Marocains en général.

Nous avons essayé à plusieurs reprises de contacter la rédaction de Maroc Hebdo, sans succès.

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