Abdelilah Benkirane: «J'étais contre la monarchie»

Dans un entretien accordé à Zamane, le chef du gouvernement revient sur sa détention, la torture dont il a été victime, sa position vis-à-vis de la monarchie ou encore les attentats du 16 mai.

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Crédit : MAP

Abdelilah Benkirane ressort les vieux dossiers. Dans un entretien accordé à la version arabophone du mensuel Zamane, le leader du PJD revient sur ses premières heures militantes, l’évolution de son rapport à la monarchie, ainsi que l’implication de celle-ci dans la sauvegarde du parti de la  après les attentats du 16 mai  2003.

Envie de « changement »

Abdelilah Benkirane n’a pas toujours eu une opinion positive de la monarchie. « Entre 1972 et 1973 […] j’étais contre la monarchie », affirme l’actuel Chef du gouvernement. Un rejet que Benkirane impute à ses camarades de lycée qui essayaient de le convaincre que seuls les hommes politiques pouvaient apporter du « changement ». Une attitude que le leader du PJD, trainera au sein de la Chabiba ittihadia et de la Chabiba islamiya qu’il rejoint durant les années 1970.

Jeunesse socialiste

La première expérience politique de l’actuel Chef du gouvernement remonte aux années 1970. Une décennie durant laquelle Benkirane, encore lycéen, rejoint les rangs de la jeunesse socialiste : « Lorsque j’étais au lycée Moulay Youssef, l’idéologie de gauche était la plus répandue. J’accompagnais un ami à moi, Mohamed Essassi dans plusieurs réunions de la Chabiba Al Ittihadia (jeunesse de l’USFP) ». A cette époque, le chef du gouvernement adhérait à la « la pensée socialiste tout en étant influencé par la pensée islamique ».  Une influence qui le poussera à quitter la Chabiba Ittihadia pour rallier la Chabiba islamiya. Cette organisation, qui est clandestine à l’époque, mènera Benkirane vers la prison.

Torture

En 1979, Abdelilah Benkirane est arrêté pour la diffusion de tracts réclamant le retour d’exil du fondateur de la Chabiba islamiya, Abdelkrim Moutii. « Lors de cette première détention (la première de sa vie, ndlr) […] les autorités  m’ont posé plusieurs questions sur mes activités. Je n’ai rien cédé » confie Benkirane.

L’actuel chef du gouvernement est emprisonné une deuxième fois en septembre 1980, pour sa participation à une manifestation à Casablanca. Une détention durant laquelle il est victime de torture : « J’ai refusé de leur donner les noms de quelques membres (de la Chabiba islamiya, ndlr)  et c’est pour cela qu’on m’a torturé ». Benkirane finira toutefois par céder, car un de ses compagnons  « avait  révélé le nom de trois personnes que les autorités cherchaient ». Suite à cette interpellation, Benkirane est condamné à trois mois de prison ferme pour son implication dans les manifestations de septembre 1980.

Intervention royale

« Après les attentats du 16 mai, le PJD allait sûrement être dissous. Notre parti dérangeait certains responsables de l’État, car il avait un référentiel religieux. Ces derniers refusaient même de nous parler », confie Benkirane. Selon le leader du PJD, le parti a échappé à la dissolution grâce à l’intervention du roi Mohammed VI : « à la demande du roi, nous avons rencontré le ministre des Habous, Ahmed Taoufik. Une rencontre durant laquelle il nous a mis en garde au sujet de certains éléments de nos discours ». A l’issue de cette rencontre, Mohammed VI prend la décision de ne pas dissoudre le parti de la lampe.

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