Habitat menaçant ruine: ce que propose Nabil Benabdallah

Le pays compterait 43 000 habitations à deux doigts de s’écrouler. Qu’est-ce que la loi de Nabil Benabdallah propose pour éviter des drames?

Par et

Maison délabrée de la médina de Casablanca.
. Crédit : Y. Toumi

Tout le monde se souvient du drame de la médina de Casablanca de 2012. Quatre personnes avaient perdu la vie lors de l’effondrement d’une vieille maison. Des programmes de réaménagement ont été menés dans différentes villes. Mais aujourd’hui, le ministre de l’Habitat et de la politique de la ville, Nabil Benabdallah veut une loi consacrée au problème, même si le nombre de bâtisses concernées a largement diminué en trois ans: 114 000 en 2012 contre 43 000 aujourd’hui, d’après le recensement.

Le ministre PPS a présenté son projet de texte lors du Conseil de gouvernement le 18 juin. Si le texte est adopté, les habitations seront classées en deux catégories : situation « normale » et situation « urgente ». Dans les deux cas, c’est au président de la commune de demander l’évacuation. Si les habitants avertis de la nécessité de partir refusent de s’en aller, ils doivent assumer toute responsabilité en cas d’accident. Mais la municipalité a le droit d’utiliser les forces de l’ordre pour les inciter à partir.

Si les personnes sont évacuées, elles sont systématiquement relogées de manière temporaire. Le projet de loi ne précise pas la durée de cette prise en charge. En même temps, la municipalité dirige la destruction ou le réaménagement du logement. A l’issue des travaux, le propriétaire est en droit d’augmenter le prix du loyer.

La nouveauté de cette loi est aussi la création d’une nouvelle agence nationale dédiée à la question. Elle sera chargée d’établir et mener une stratégie nationale en la matière, réaliser les statistiques, mais aussi de donner son avis lors des évacuations demandées par la commune. En décembre 2014, Nabil Benabdallah évoquait déjà l’intérêt de créer une telle instance mais avouait que le ministère des Finances était réticent. Il justifiait l’intérêt d’une telle agence par la spécificité du problème à résoudre : « La rénovation urbaine est un métier […]. Lors des effondrements, les entreprises en bâtiment n’ont pas voulu intervenir à cause des risques d’affaissement des maisons voisines ».

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